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W., l'improbable président 

 

   Le 17 octobre 2008, les États-Unis découvrent le nouveau film sur l'histoire américaine sous la réalisation d'Oliver Stone. Après un incroyable "JFK" (1991) reprenant l'enquête du procureur Garrison sur l'assassinat de Kennedy ainsi que le biopic "Nixon" (1996) mettant en scène Anthony Hopkins dans le rôle principal, c'est sur un autre président américain que Stone se penche : George W. Bush.

 

    Sous la forme d'un biopic, Stone reprend les moments personnels de la vie de Bush fils en abordant aussi la psychologie de George Bush père, lui aussi président des États-Unis. En premier lieu, on remarque que le scénario ne choisit pas d'aborder la gestion des attentats du 11 septembre mais s'attache davantage à traiter sa jeunesse, la construction de son personnage politique et la guerre en Irak.

 

    Dans le rôle principal, on retrouve un Josh Brolin très convainquant et presque désopilant que l'on croirait parfois sorti du cinéma de l'absurde si seulement on était capable d'oublier l'homme politique américain aux 8 années de présidence des États-Unis. Le décalage systématique de ses réactions et de ses attitudes, le manque de culture et de dignité du personnage, l'absence de conscience d'une supposée responsabilité se ressentent dans son jeu avec une conviction à la fois touchante et pathétique.

 

    Le père Bush est interprété par un James Cromwell toujours aussi charismatique et intimidant. Servant le personnage avec un art qui n'appartient qu'à lui mais qui, comme souvent, ne sort guère de sa palette personnelle d'interprétation. Sa stature paternelle et omniprésente projette sur le film une ombre égale à l'omniprésence du père dans l'engagement politique et le caractère de son fils, George W. Bush.

 

    On remarquera que le film est principalement à charge contre George W. Bush car le scénario aborde ses problèmes avec l'alcool, son manque de motivation au travail, ses abandons de poste répétés, ses échecs politiques, le fiasco de la guerre en Irak, mais ne revient pas sur les attentats du World Trade Center. Plusieurs hypothèses se profilent alors quant au silence jeté sur le récit de ces événements, surtout au regard de la portée dont bénéficient les thèses complotistes sur cet événement : soit Stone souhaitait dédier un film à ce cas particulier comme il l'avait fait avec "JFK", soit il souhaitait éviter les polémiques sur un complot dans lequel il ne croit pas, soit il ne possédait pas suffisamment de bases concrètes pour aborder l'hypothèse sans s'attirer le courroux de nombreux spectateurs.

 

    Si ce film ne demeurera pas le chef d’œuvre de la carrière d'Oliver Stone à cause de son manque relatif d'inventivité et de style, la causticité des situations provoquées par le personnage de Bush fils dépeint en homme raté et ridicule transforme ce biopic en film dramatiquement drôle. Le manque manifeste est le prestige à la fois modeste et travaillé que les précédents films qu'Oliver Stone a dédiés à des présidents américains contenaient. On remarquera par exemple une absence de suspens, lequel était par ailleurs la grande force de "JFK" et "Nixon" car l'inéluctabilité de l'Histoire ne permettait pas de marge d'erreur sur le scénario mais plongeait toutefois le spectateur dans la réalisation avec une force incroyable.

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