Docteur Frankenstein
Rappelant en son titre que Frankenstein n'est pas le nom du monstre mais celui du créateur, ce film sorti en 2015 sous la direction de Paul McGuigan reprend – très relativement – l'histoire de Mary Shelley dans un ensemble très moderne.
Igor, bossu employé dans un cirque, se voit découvrir en Victor Frankenstein un compagnon savant dont le but est de redonner la vie à un cadavre. Ni les personnages, ni le scénario, ni la dimension intellectuelle, ni la narration, ne permettent de rapprocher ce film décousu de l’œuvre qui l'aurait inspiré.
Au centre de ce film, deux acteurs hollywoodiens : Daniel Radcliffe et James McAvoy. Supposés relever la notoriété du long-métrage, ils ajoutent, certes, une touche de familiarité mais relèvent aussi une réelle duperie de la part de la production. Sous couvert de la fantaisie créative, indéniable, des deux acteurs, le scénario néglige effrontément la qualité des dialogues. De banalités en répliques téléphonées, les échanges font regretter le savoir-parler des premières adaptations du roman comme le "Frankenstein" (1931) de James Whale.
Les véritables intérêts du film s'exposent en deux points.
D'abord l'esthétisme, sur lequel l'équipe de réalisation a fait un effort très appréciable. Entre une direction de la photographie attachée à retranscrire le visuel d'une certaine époque et les décors présentant des intérieurs riches en détails, l'image semble être agrémentée de nombreux éléments inventifs et malins, glissés comme des objets intrigants.
Ensuite l'énergie qui, malgré la probable impertinence du scénario possède, pour sa décharge, un rythme inépuisable. Les scènes, comme les wagons d'un train lancé à toute allure, se succèdent inéluctablement jusqu'à l'issue désastreuse et attendue du long-métrage.
Ce film est, en définitive, loin d'être un succès. Le résultat de cette réalisation couplée avec le scénario proposé fait de "Docteur Frankenstein" davantage un film hollywoodien divertissant que l'adaptation d'une œuvre littéraire de renom.
