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Freaks - la monstrueuse parade

 

   Intitulé "Freaks" dans sa version originale, ce film de Tod Browning est sorti en 1932 et s'impose dans le cinéma plus largement encore que l'espérait le réalisateur. Le scénario raconte l'histoire d'une communauté d'artistes pour la plupart difformes. Au sein de ce groupe intrigant, une femme splendide, membre de la troupe, semble séduire un nain tout en le méprisant en secret dans le but de lui subtiliser tout son argent et de s'enfuir.

 

   L'histoire de ce film pose la question de ce qu'est la véritable monstruosité, comme le fera, dans un cadre moins horrifique, "La Belle et la Bête" (1946) de Jean Cocteau. Les personnages les plus laids révèlent ainsi un véritable esprit collectif de solidarité alors que la personne séduisante ne fait preuve que de vénalité intéressée.

 

   Au cÅ“ur de cette réalisation si étrange au premier regard, une brutalité visuelle peu commune : Tod Browning élabore une distribution de réels êtres difformes parmi lesquels un cul-de-jatte, un manchot, des siamoises, des nains, une femme à barbe ou des enfants hideux et attardés. C'est de ce réalisme qu'émane le malaise général du long-métrage. Le spectateur, confronté à des visions dérangeantes ne peut que subir une exposition de monstres perdue entre le génie intellectuel et le vice cinématographique.

 

   En adoptant des plans sombres et rudes, le réalisateur souhaite mettre le spectateur face au cadre de vie des artistes projetés dans la crasse et la simplicité. Ainsi, l'atmosphère générale du film en semble profondément altérée, comme assombrie par la gêne et la fatalité transmise par la direction de la photographie.

 

   Ce film intitulé "La monstrueuse parade" dans sa version française est autre chose qu'un chef d'oeuvre pour ce réalisateur ayant introduit Dracula à Hollywood l'année précédente, c'est simplement un monument du cinéma, une marque de puissance visuelle et intellectuelle rarement dépassée depuis 1932.

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