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Assassins et voleurs

 

   Le 8 février 1957, Sacha Guitry réalise son avant-dernier film, précédant ainsi de 5 mois la mort de l'artiste. Dans ce long-métrage, un cambrioleur est surpris par sa victime. Celle-ci s'apprête à se suicider et lui demande, en échange d'une permission de cambrioler, une aide pour accomplir l'acte fatal.

 

   Si le synopsis relève d'un cynisme propre à Sacha Guitry, scénariste en même temps que réalisateur et producteur du long-métrage, l'histoire prend un tournant beaucoup plus recherché et subtil, toujours dans l'esprit du brillant Guitry. Les trajectoires des personnages s'enchevêtrent ainsi au sein d'une histoire qui est racontée par la victime au cambrioleur alors que les deux personnages conversent de part et d'autre d'un bureau. Les échanges, fidèles au style de l'auteur, sont un condensé de pathétique volontaire, d'apitoiement coupable et de jouissance perverse.

 

   A l'appui de cette ligne scénaristique, des interprètes de choix. Jean Poiré est ainsi acteur de la victime suicidaire et donne la réplique à Michel Serrault qui campe un criminel complètement naïf. Les interactions entre les deux protagonistes sont imprégnées d'un cynisme évident et d'une vivacité absolue. La spontanéité conjuguée à la finesse propose un résultat indiscutablement efficace qui contribue à l'intérêt du long-métrage.

 

   Si le spectateur peut saluer un autre aspect du film, ce sera assurément la photographie qui propose un véritable travail esthétique grâce à l'utilisation talentueuse et expérimentée du noir et blanc. Les tissus détaillés des costumes, les précisions des décors ou les motifs fins et multiples contribuent à l'organisation visuelle d'une élégance typique du réalisateur.

 

    En définitive, si le scénario constitue une prouesse imaginative, que les comédiens officient avec brio, que la qualité esthétique n'est pas en reste et que la réalisation coordonne un travail précis et puissant, l'on ne peut que saluer la qualité indéniable de cette Å“uvre de grand cinéma français puisant à la fois dans le noble et dans le populaire.

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