le prince des ténèbres
Un liquide vert enfermé de l'intérieur et tournant dans un cylindre imbrisable de 7 millions d'années d'âge. Le cylindre placé dans une chapelle souterraine où se réunissait une secte dans le passé. La chapelle habitant des scientifiques venus observer les étranges phénomènes entourant ce cylindre. Des passants immobiles dans la rue à observer la chapelle et empêchant quiconque d'en sortir. Des nids grouillant d'insectes apparaissant un peu partout.
Voilà l'atmosphère de "Le prince des ténèbres", deuxième opus de la "Trilogie de l'Apocalypse" de John Carpenter après "The thing" (1982) et avant "L'antre de la folie" (1995). Le célèbre réalisateur est aussi scénariste (sous le pseudonyme de Martin Quatermass) et bien naturellement compositeur de la musique du film.
Commençons par cette partition signée Carpenter. Après d'énormes ratages comme sur "New-York 1997", le maître de la musique d'épouvante revient au galop avec des mélodies de synthétiseur aiguës comme il pouvait en créer pour son fameux "Halloween, la nuit des masques" et des rythmes angoissants à tout casser. Ce film restera très certainement comme l'une des meilleures productions musicales de John Carpenter. Celle-ci sert d'ailleurs à merveille le générique introductif qui fait assurément partie des plus grands génériques de films d'horreur de l'histoire du cinéma, tout en sobriété.
Le scénario est, quant à lui, d'une efficacité exemplaire. Un mélange de fantastique, d'horreur, d'épouvante, de thriller et de catastrophe pour un résultat digne des plus fameux films du genre. Il ajoute à l'histoire de base de la symbolique, une énigme écrite en langues mortes, une confrontation science-religion, des rêves projetés depuis le futur et un gore délirant. Une trame en somme très riche et extrêmement jouissive.
Les personnages sont tenus, une fois n'est pas coutume, par des acteurs inconnus alors que Carpenter avait pu habituer ses admirateurs à des interprètes renommés comme Kurt Russell au début de la décennie. Mais l'apparence d'une "guest-star" se fait remarquer, celle du chanteur américain Alice Cooper campant le rôle d'un clochard schizophrène et possédé. Cassant avec les dialogues scientifiques auxquels le spectateur se suspend pour en savoir désespérément plus sur le mystérieux cylindre, Alice Cooper transmet l'horreur rien qu'avec les expressions de son visage puisqu'il ne prononce pas un seul mot durant le long-métrage alors que ses apparitions sont régulières. Il symbolise la violence systématique du mal, en opposition avec les recherches des scientifiques. On peut même entendre un extrait d'une de ses chansons lors d'un passage le faisant apparaître à l'écran, celle-ci s'intitulant... "Prince of darkness", un morceaux de l'album "Raise your fist and yell" sorti la même année que le film.
"Le prince des ténèbres" est un grand film d'horreur, palpitant, captivant, terrifiant mais incomparable aux outrancières boucheries de "The thing" ni à l'ennui de "New-York 1997". Un long-métrage de John Carpenter qui restera assurément comme l'un des films les plus efficaces et travaillés du réalisateur-scénariste-compositeur.
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