The Avengers
Sixième long-métrage et fin de la première phase du Marvel Cinematic Universe avec "The Avengers". Ce film sorti le 4 mai 2012 est la réunion des personnages exploités par Jon Favreau, Louis Leterrier, Kenneth Branagh et Joe Johnston pour un tableau final spectaculaire et financé à hauteur de 220 millions de dollars.
Le Cube cosmique, l'une des pierres d'Odin, est le centre de ce scénario dans lequel Loki (le frère de Thor) souhaite envahir la Terre à l'aide d'une armée extraterrestre et, accessoirement, détruire toute l'espèce humaine.
Au sujet des personnages, on remarque malheureusement que leur épaisseur s'efface largement derrière l'action. Des personnages, pour la plupart, humains qui se font broyer, électrifier, brûler, projeter, abattre, frapper, massacrer sans être blessé ni blesser qui que ce soit. Il faut avouer qu'il est un peu lassant de regarder des êtres invincibles se battre indéfiniment contre des êtres invincibles.
Même si l'on pouvait s'y attendre, on finit par s'apercevoir que les acteurs ayant le plus d'épaisseur se retrouvent plombés par la soif hollywoodienne de spectacle et de gigantisme. Par exemple, le Tom Hiddleston charismatique que l'on avait découvert dans "Thor" (2011) se transforme en un personnage riant aux éclats pour camoufler sa personnalité ratée par les scénaristes, tout comme Quentin Tarantino l'avait fait avec le personnage de Samuel L. Jackson dans "The hateful eight" (2015). De même, Stellan Skarsgard se voit complètement effacé de l'image et ne parvient à rester, pour un spectateur français, dans le déroulement des événements qu'avec la voix familière et rassurante du célèbre doubleur Jacques Frantz.
Les studios Marvel semblent découvrir, par le truchement de leurs réalisateurs, des techniques cinématographiques lors de chacun de leurs films. Avec ce sixième opus, on découvre que le MCU connaît la réverbération de l'image dans les miroirs ainsi que les plans obliques. Dommage que la quasi-totalité du film soit captée par un enchaînement de plans fixes dont la banalité affligeante se résume en une suite d'actions exagérées et en un alignement de dialogues n'utilisant que la règle statique des 180°. Définitivement, Joss Whedon ferait mieux d'arrêter de réaliser des films, si seulement il a commencé un jour.
On pourrait parler de la partition de musique. Pour ce film historique, avec des recettes exceptionnelles, mettant en scène un casting et un panel de personnages hors du commun, au sein d'un spectacle dont l'ampleur est démentielle, on aurait pu espérer une partition mythique, entrant dans le firmament des musiques épiques. Eh bien non ! Alan Silvestri, après des œuvres mémorables qui ont parsemé sa carrière, présente finalement un travail complètement oubliable sauf durant le générique de fin (ce qui est décidément une tradition Marvel). Coïncidence, on remarquera que ce film marque, pour l'instant, la dernière collaboration entre les studios Marvel et Silvestri.
On ne s'étalera pas sur la bataille finale dont on ignore s'il elle s'inspire du pathétique "Transformers 3 : la face cachée de la Lune" (2011) ou si elle est une preuve de médiocrité spontanée. Toutefois on remarquera le manque de créativité ainsi que l'effondrement total du scénario sur ce film plombant la première phase du MCU. A quoi des héros peuvent-ils bien servir s'ils sont noyés dans un cadrage large dans lequel on ne les distingue pas, avec des plans fixes sur leurs actions, tout en les caricaturant à l'extrême avec des séquence de va-et-viens de la chance qui simule des séquences de victoire intégrale/défait intégrale en alternance ?
Là où il y avait du dialogue, il n'y a plus que des bruitages sans originalité ni saveur. Là où il y avait un minimum de photographie, il n'y a désormais plus qu'un festival d'explosions et de destructions parce que, en termes hollywoodiens, argent égale spectacle. Là où il aurait pu y avoir partition mythique, il y a musique d'ascenseur pour film d'action. Et là où il y avait personnages, il y a rôles sans reliefs. Piètre manière d'achever un travail étalé sur quatre années et six longs-métrages.