Le dixième homme
Pendant l'occupation allemande de la France, trente personnes sont raflées et enfermées. Lorsqu'il leur est demandé par un gradé de choisir trois personnes qui seront fusillées, un tirage au sort se met en place. L'un des hommes ayant tiré le mauvais coupon, riche notable, fait don de toute sa fortune à l'un de ses compagnons de cellule contre sa place devant le peloton d'exécution.
Les prestations livrées par Anthony Hopkins et Kristin Scott Thomas sont de qualité mais troublées par un son et des doublages lamentables. La subtile détresse se perçoit à cent kilomètres dans les yeux de l'acteur principal de sorte que n'importe quel spectateur peut lire l'élégant désarroi dans son regard.
Les décors, conçus par Cliff Robinson, offrent une touche de froideur à ce drame précisément fidèle à son genre. Les lieux délabrés et anciens se mêlent à l'ambiance glaçante d'un bâtiment en pierre qui abrite toute la première partie du film. Les couleurs passées et l'impression d'être situé dans un environnement usé ajoutent une certaine nostalgie qui plonge habilement le spectateur dans les pensées du personnage central.
Si l'ennui n'est pas au rendez-vous dans ce long-métrage délicat, il semble néanmoins évident que le manque de rythme se fait parfois sentir au travers de scènes tombant très rapidement dans la facilité de la romance, c'est à dire un jeu de regards évident et trop prévisible.
En axant l'intrigue sur un climat historiquement complexe mais fascinant, la réalisation explore des sentiers très américanisés. A titre d'exemple, afin de bien représenter la France, on place dans les cinq premières minutes l'Opéra Garnier, les rues de Paris, quelques commerçants à casquette, des ouvriers en salopettes, un avocat en costume chic, une vielle bâtisse en pierre et la Tour Eiffel. Le rassemblement des clichés ne s'arrête pourtant pas ici et se poursuit de manière plus légère durant la suite du film.
"Le dixième homme" est un film intéressant, parfois en-dessous de ses promesses mais majoritairement doux grâce à une direction de la photographie inspirée par les paysages français et une délicatesse dans le traitement du scénario qui manque pourtant de consistance lors de certains passages.