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Bernie

 

   C'est le 27 novembre 1996 qu'Albert Dupontel dévoile son premier long-métrage : une comédie trash dans laquelle il campe le rôle d'un trentenaire orphelin se lançant à la recherche de ses parents, persuadé qu'ils sont victimes d'un complot mafieux.

 

   L'énergie dégagée par le film interroge parfois sur la pertinence du scénario tant l'aspect poussif de l'action est étiré à l'extrême. Néanmoins, le spectateur pourrait en venir à repousser, dans sa perception, les limites de ce qu'il pense être un modèle de comédie. Celle-ci oscille sans cesse entre le cynisme critique et l'absurde indélicat. Les attitudes sont exacerbées et les comportements irrationnels. Tantôt, les personnages perdent toute réalité à cause de leurs actes ou de leur résistance. Tantôt une foule de messages parviennent crûment au spectateur. Ainsi, on ne sait si le film est un scénario construit sur une base d'absurde ou s'il relève d'une aventure telle qu'elle pourrait être imaginée par un enfant s'imaginant adulte.

 

   La photographie s'avère un appui incroyable. En effet, pour soutenir l'originalité du scénario et le basculement permanent entre la caméra utilisée par le personnage principal pour enregistrer les progressions de son enquête et la caméra utilisée par l'équipe de réalisation pour filmer toute l'histoire, les couleurs revêtent, à l'image des personnages, des tons suffisamment excessifs pour faire entrer certaines scènes dans un entre deux reliant la comédie et le fantastique.

 

   A la tête de la réalisation, le brillant Albert Dupontel, lui-même. Son interprétation est à la hauteur de sa puissance comique et se double d'une permission illimitée dans le jeu, pour le plus grand avantage de ce film débridé. A ses côtés, le laconisme indélicat de Roland Blanche et la coquetterie traumatisée de Hélène Vincent nourrissent le long-métrage d'interprétations singulières et particulièrement talentueuses.

 

   Avec une partition rythmée à l'appui, "Bernie" est un long-métrage captivant de bout en bout, qui arrachera des éclats de rire à ses spectateurs mais remettra aussi en doute toutes ses perceptions, à la manière d'un film de Jean-Pierre Jeunet, doublé de l'humour des Nuls et d'une infatigable horreur.

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