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Réalité

 

   C'est en février 2015 que le nouveau film de Quentin Dupieux sort dans les salles françaises. Les États-Unis découvriront quelques mois plus tard cette réalisation franco-américaine du cinéma de l'absurde.

 

   Le scénario, co-écrit par le réalisateur, présente l'histoire de Jason Tantra, un cameraman nourrissant l'espoir de tourner un film d'horreur. Un ancien ami producteur lui promet des fonds à condition qu'il invente le plus effrayant gémissement de l'histoire du cinéma.

 

   Mais, naturellement, le film ne se contente pas d'un si simple scénario. Le long-métrage suit les parcours entremêlés de plusieurs protagonistes, donnant au spectateur la sensation d'assister à une réalité basculant sans cesse dans le trouble, voire dans le rêve. Diverses hypothèses peuvent être élaborées mais chacune se heurtera à une incohérence de sorte que les trajectoires semblent se chevaucher inlassablement sans offrir de début ni de fin.

 

   Ce brouillon intellectuel se double d'une sérénité esthétique. L'équipe de réalisation crée une atmosphère paisible avec, notamment, des plans en extérieur optant pour des décors forestiers et ensoleillés. Parfois, aux couleurs froides s'ajoutent des touches de rouge afin de mieux visualiser la manœuvre produite par le long-métrage : une réflexion à marche-forcée, ponctuée d'éléments électrisants.

 

   L'interprétation pleine de sensibilité d'Alain Chabat ajoute une touche d'innocence à un long-métrage tressé dans un genre qui lui est familier : l'absurde. Mais, cette fois, l'humour n'est pas tant sa composante principale que le mystère le plus angoissant. Le déstabilisant Jonathan Lambert fait aussi partie du casting, au même titre que l'énigmatique John Glover ou la jeune mais délicate Kyla Kenedy.

 

   Avec "Réalité", chaque spectateur intégrera une manière particulière de ne pas comprendre l'essence de l'oeuvre et de s'interroger sur son génie ou bien sa moquerie décomplexée de l'analyse scénaristique. Un point demeure néanmoins, indépendamment de l'intellectualité : la photographie délicieuse et subtile de ce film très agréable et cyniquement complexe.

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