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Star Wars III - La revanche des Sith

 

   C'est le 19 mai 2005 que George Lucas simultanément met un point final à sa prélogie et ouvre la porte à la trilogie originale de la saga "Star Wars". "La revanche des Siths" achève une saga de 28 ans ouverte par "Un nouvel espoir".

 

   La République se bat sur de nombreux fronts suite à la construction et l'utilisation d'une armée de droïdes par la Confédération des Systèmes Indépendants. Ceux-ci, en réalité manipulés par les Sith, ont enlevé le Chancelier suprême Palpatine. Une fois de retour au Sénat, celui-ci se fait voter les pleins pouvoirs afin de résoudre la guerre dans laquelle la République s'est engagée.

 

   Le scénario, ficelé avec génie, comportait néanmoins la difficulté de devoir relier la première trilogie et les deux premiers films de la prélogie. Les intrigues politiques et stratégiques culminent avec cet opus tout en laissant le Mal envahir l'écran à chaque minute. "La revanche des Sith" est un retour au manichéisme de la première trilogie et à la vision binaire des camps qui s'affrontent. Bien et Mal ne sont plus mélangés mais explosés en petites parcelles qui se rassemblent définitivement afin de former deux parties opposées.

 

   Anakin, personnage central de cet opus, prolonge sa quête du père à travers celle du mentor. Le spectateur remarquera que la réussite de cette quête de paternité commune aux six films n'atteint son objectif qu'à la fin de chaque trilogie. Dans l'épisode III, c'est la quête du mentor qui aboutit au détriment de la quête du fils qui devra être dissimulé sur Tatooine. Dans l'épisode VI, c'est la quête du fils au détriment du mentor dont l'élimination devient inévitable.

 

   Si le rythme exaltant du scénario est manifeste, c'est grâce à plusieurs éléments. En premier lieu, les situations symboliques se succèdent comme autant de pages achevant la bible fictionnelle de "Star Wars". Ensuite, les répliques puissantes et mythiques qui ponctuent le film comme autant de douleurs extériorisées par les personnages. Et enfin, la partition exceptionnelle dont est doté le film. John Williams parachève ainsi son Å“uvre magistrale par une orchestration dépassant toute attente, tambourinant à la mesure des pas de l'armée républicaine exécutant l'ordre 66, recouvrant de cuivres les vols, submergeant de chÅ“urs les duels emblématiques et inondant de cordes les hésitations d'Anakin.

 

   La direction de la photographie effectue un travail remarquable en jouant avec les lumières comme avec des sentiments. Les intérieurs deviennent ainsi des antichambres d'une trilogie que l'on sait sombre., les éclairages nocturnes rappellent les scènes dans l'espace de "Un nouvel espoir" (1977), les couleurs de Kashyyyk font écho à celles de la lune d'Endor dans "Le retour du Jedi" (1983), celles de la passerelle de Mygeeto au froid glacial de Hoth dans "L'Empire contre-attaque" (1980) et les décors aux dominantes métalliques se dressent en précurseurs (ou successeurs ?) des couloirs de l'Etoile de la Mort. Certaines scènes ont d'ailleurs des similitudes manifestement volontaires avec des scènes de la première trilogie, par exemple celle de Palpatine assis dans son fauteuil de prisonnier fait écho aux regards satisfaits de l'Empereur observant le piège tendu à la Flotte des rebelles dans "Le retour du Jedi".

 

   L'affrontement final, suivi parallèle de deux combats légendaires, est matérialisé à l'image par deux décors exceptionnels. D'abord celui de Mustafar, symbolisant le chaos et l'explosion d'une violence décomplexée. Les couleurs chaudes et la confusion visuelle créent une invasion esthétique déstabilisante, une destruction faisant table rase de la République. Ensuite celui du Sénat galactique avec ses couleurs froides et ses formes rudes. Ce décors, glaçant, est le cadre déchiqueté dont on comprend aisément qu'il est un reste inerte du monde démocratique et pacifié. Cette opposition symbolique achève tous les combats de la prélogie sous le signe de la fin de l'univers tel qu'il était précédemment envisagé.

 

   George Lucas profite des dernières minutes de "La revanche des Siths" pour faire réapparaître les éléments de la première trilogie : Etoile Noire, Luke, Leia, Vador, Tarkin, Tatooine et Alderaan se succèdent ainsi pour clouer un monde en ruines sur les portes de l'Empire galactique.

 

   Enfantant dans la douleur, Padmé donne une allure de déchéance biblique à une galaxie semblant exclue de l'Eden républicain. Chacun paraît payer son manque de perspicacité. Du fait de leur confiance en eux pour les Jedi et du fait de leur manque de courage pour les parlementaires.

 

  "La revanche des Sith" est la conclusion passionnée de 28 années ingénieuses, de deux trilogies époustouflantes et d'un univers tout entier. A la hauteur des enjeux, le film déborde de créativité, de génie et de justesse. Il est à la fois l'alpha et l'omega de la double trilogie "Star Wars", la destruction de la République et le point d'avènement inéluctable de l'Empire. Il représente le fruit prodigieux de travaux assemblés malgré les difficultés scénaristiques.

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