Deepwater
Peter Berg dévoile son huitième long-métrage, "Deepwater Horizon", le 30 septembre 2016, date de sortie américaine pour ce film tourné vers le côté sombre du capitalisme américain. Le scénario développé par le film est non seulement simple mais de surcroît inspiré d'une histoire véritable.
Le 20 avril 2010, une plate-forme pétrolière (la plus profonde jamais creusée) implantée dans les eaux territoriales américaines et louée par une compagnie britannique connaît une erreur de jugement sur les relevés de ses sondes de pression, finit par exploser en torrents de boue puis s'embrase avec une vitesse incommensurable. La raison de cette erreur est simple : les responsables de la compagnie exploitant la plate-forme n'ont pas effectué les tests de sécurité normalement nécessaires et font pression sur le personnel afin de rattraper un retard d'exploitation.
Le scénario a un principal défaut : l'erreur du manichéisme entre le gentil équipage du Deepwater et les méchants responsables de la BP. Le scénario met en relief, notamment avec le choix des acteurs, cette fracture, notamment en prenant du bon côté les talents attendrissants de Kurt Russell et Mark Wahlberg et de l'autre le faciès volontairement antipathique de John Malkovich. Le côté assumé camoufle parfois le manque de finesse de la scénarisation.
La réalisation donne au film une énergie constante. Afin d'animer les plans, une caméra aérienne est fréquemment utilisée et les images s'enchaînent très rapidement. Le dynamisme agrémentant le scénario, le film donne l'impression au spectateur que l'ampleur des événements le dépasse complètement. La caméra aérienne donne une impression de gigantisme permanent qui écrase l'individu au sein de la structure pétrolière mécanique, tandis que la rapidité des plans donne un sentiment de brouillage et d'impossibilité de passer à une phase de réflexion ou de recul sur les événements.
La notion de pression est, quant à elle omniprésente, avec son évocation lors de nombreuses répliques concernant la boue présente dans le tuyau de la plate-forme et se traduit par un sentiment d'oppression permanente. De nombreux éléments sont dispersés dans la phase d'ouverture du film afin d'insérer dans l'esprit du spectateur l'idée selon laquelle les événements vont virer à la catastrophe. Afin d'accentuer ce sentiment, le réalisateur choisit d'agrémenter le visuel de nombreuses pièces de métal et de machines très variées, ce qui a pour effet de faire comprendre que l'être humain ne contrôle pas directement tout ce qui se passe sur Deepwater Horizon et que la violence de la nature risque de s'allier à la froideur de la mécanique.
La direction de la photographie relève d'un travail capital pour ce long-métrage. La catastrophe se déroulant durant la nuit, l'incendie apparaît véritablement spectaculaire et se joint à la mise en scène dans une rupture gigantesque avec l'obscurité. Outre cela, on remarquera que l'atmosphère du film se traduit par deux lumières distinctes. Ainsi, les lumières chaudes et jaunâtres évoquent l'extérieur, le danger et la surprise (par exemple avec le feu), tandis que les lumières froides traduisent l'intérieur, l'angoisse, la peur (par exemple les lumières des pièces et des lampes-torches).
Un mot, pour finir, au sujet des effets spéciaux. Le spectateur se rendra compte que les effets visuels sont impeccables du début à la fin. Depuis quand n'avait-on pas vu un film de catastrophe ou de grand divertissement aussi soigné et sobre dans le spectacle ? Certainement pas dans "San Andreas" (2015) ou "2012" (2009), ni même dans les containers risibles de "Deadpool" (2016) ou le halo lamentable de Cara Delevingne dans "Suicide squad" (2016). L'efficacité du long-métrage repose aussi sur cette attention minutieuse au visuel de l'image et à son esthétisme absolument parfait.
En définitive, "Deepwater Horizon" est un film de catastrophe profondément jouissif pour qui aime les longs-métrages spectaculaires et les visuels clivants. L'image, la mise en scène et les effets spéciaux s'allient dans une parfaite tradition des films du genre.
On notera les textes diffusés à l'écran en début de générique et rappelant que l'incident de Deepwater Horizon est à l'origine d'une catastrophe écologique absolument historique, ainsi que l'image des 11 ouvriers décédés lors de l'embrasement de la plate-forme pour rapprocher le film hollywoodien de sa réalité historique.
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