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Iron Man

 

    Le 2 mai 2008 s'ouvre la découverte d'une planification cinématographique d'ampleur. Ce jour marque la sortie américaine du film "Iron Man" sous la direction de Jon Favreau, premier long-métrage d'un univers signé Marvel et programmant 4 phases étalées sur 20 ans avec une planification des sorties année par année. Chacune des phases doit alors voir le dévoilement de nombreux films. A titre d'exemple, la première phase entamée par cet "Iron Man" contient 6 longs-métrages et s'achève en 2012 avec "Avengers".

 

     L'adaptation des célèbres comics retient un extrait de l'histoire de Tony Stark. Cet homme est un ingénieur mégalomane, génial et imbu de lui-même. Patron d'une sur-puissante industrie américaine d'armement, il est un jour capturé par des rebelles qui le retiennent prisonnier afin de lui exiger la construction d'un missile gigantesque capable d'anéantir des forces gigantesques. En lieu et place de ce missile, Stark conçoit, avec les outils et les matériaux disponibles, une armure blindée truffée de gadgets, de réacteurs et de missiles grâce à laquelle il s'échappe. Néanmoins, une fois revenu à sa vie d'industriel, il s'aperçoit que son invention, qu'il ne cesse de perfectionner, est l'objet de nombreuses convoitises financières et politiques.

 

     S'ouvrant avec le morceau "Back in black" du groupe de hard rock australien AC/DC, le film se poursuit avec une énergie sans faille. Le scénario et son univers sont déballés avec une agréable progressivité, ce qui permet largement aux néophytes de se laisser embarquer dans l'histoire de cette adaptations très dense. Naturellement, Marvel ne va malheureusement pas sans sa part de gigantisme. Ainsi, la fin du film explose dans un déluge de démesure dont la signature sera apposée sur l'immense majorité des films des célèbres studios de production. Cette part fantasmée et improbable est définitivement l'élément de faiblesse d'un scénario qui, par la fascination de l'univers qu'il présente où les forces en présence sont immenses mais contenues dans des rapports humains et intellectuels, n'en avait strictement pas besoin.

 

     On remarquera, sur le même point, que les dialogues ne sont pas encore tombés en disgrâce comme dans de nombreux films de super-héros de la décennie suivante. On continue, dans ce film, de préserver une couverture de dialogues moralisateurs tels qu'on pouvait les apprécier dans la trilogie de Sam Raimi, indépendante des studios Marvel qui n'avaient pas encore développé leur "Marvel Cinematic Universe" (MCU).

 

    Robert Downey Junior et Jeff Bridges sont définitivement les seuls à retenir l'attention car tous les autres acteurs semblent absolument transparents. Le premier parvient pertinemment à faire passer la prétention du personnage principal tandis que le second (traduit en Français par le talentueux et regretté Patrick Floersheim) incarne brièvement mais avec conviction son rôle d'Obadiah Stane. Gwyneth Paltrow campant une Pepper Potts à peine plus charismatique ou présente que Miss Moneypenny dans les films de la saga "James Bond" ne parvient pas à se faire de place à côté du personnage principal. Terrence Howard, quant à lui, tente d'incarner une personnalité tellement clichée et attendue que son protagoniste ne possède pas le moindre intérêt.

 

   Concernant la partition de musique, on constate que la présence du hard rock remplit à merveille de nombreux passages (dont le générique rythmé par la chanson "Iron Man" de Black Sabbath), découpant ainsi la soupe musicale de la bande originale. Tristesse absolue que de découvrir dans les crédits le nom du brillant Hans Zimmer, associé à cette pauvreté artistique en assurant la production exécutive de la partition. Tant de compositeurs ont su prouver (à l'instar de John Williams, Ennio Morricone ou Jerry Goldsmith) qu'un long-métrage épique nécessitait une musique épique. Et pourtant le début du MCU utilise une composition originale fade et très clairement oubliable.

 

    La réalisation de Jon Favreau, qui en était à son quatrième film, présente bien des aspects décevants. Le spectacle est davantage fourni par l'énergie de l'acteur principal et la vitesse du scénario. Techniquement, l'art de la caméra ne satisfera pas présentement les attentes. Aucune subtilité, aucune recherche. La caméra est systématiquement à hauteur de tête avec des prises en plans américains. Dommage lorsqu'on voit le potentiel et les moyens mobilisés pour cette saga Marvel, notamment avec le budget de 140 millions de dollars de cet "Iron Man".

 

    En définitive, le MCU démarre avec un film de super-héros efficace et plutôt bon malgré de lourdes faiblesses typiques de la déification du personnage principal, des longs-métrages à spectacle et de l'argumentaire visuel de vente du cinéma hollywoodien.

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