la corde
"Rope" dans son édition originale. Ce chef-d'oeuvre absolu. Mais pour quelle(s) raison(s) ?
Peut-être pour le huit-clos subtil où se déroule l'intrigue suivante : deux hommes commettent un meurtre. La victime est une connaissance commune. Comble de l'histoire : ils ont invité sa famille, qui n'est absolument pas au courant de l'affaire et n'est pas destinée à l'être, à venir dîner dans la pièce où le cadavre est dissimulé, afin de savourer l'acte homicide et de satisfaire leur ego.
Peut-être pour les dialogues ciselés comme une pièce d'orfèvrerie, tournant et retournant les idées les plus horrifiantes et sadiques afin de tricoter le scénario tel un vêtement de mailles. Les répliques claquent et s'entrechoquent afin de remuer l'esprit du spectateur en même temps que celui des personnages qui s'enfoncent petit à petit chacun dans leurs retranchements.
Peut-être pour les acteurs parmi lesquels John Dall et Farley Granger, merveilleux et d'une élégance dérangeante, qui forment un duo à la fois intrigant et fort. James Stewart rejoint ce binôme dans tous ses aspects en même temps : intérêt du protagoniste, performance d'acteur et prestige artistique.
Peut-être pour le progrès technique et l'innovation de ce film qui demeure inscrit dans l'histoire du cinéma comme le premier long-métrage en couleurs réalisé par Alfred Hitchcock.
Peut-être pour les plans propres et nets qui emploient des positions fixes ou légèrement glissantes pour manier le hors-champ avec un art absolument maîtrisé.
"La corde" est l'un des plus grands films d'Alfred Hitchcock et demeure une inépuisable source d'émerveillement visionnage après visionnage. Il ne vous reste plus qu'à choisir pour laquelle de ces qualités vous voulez le découvrir.