Papy fait de la résistance
En octobre 1983, Jean-Marie Poiré présente dans les salles françaises sa nouvelle réalisation : une comédie dédiée à Louis de Funès, décédé le 27 janvier de la même année.
Le film raconte l'histoire d'une famille française aristocrate et explosive, les Bourdelle, embarquée dans la Résistance française alors que l'immense demeure familiale est occupée par un général allemand. Si ce scénario, écrit par Christian Clavier, Martin Lamotte et Jean-Marie Poiré, est imbibé d'humour et de répliques pour le moins désopilantes, certaines scènes comportent néanmoins des situations cyniques et crues au sujet des attitudes des personnages.
Afin d'interpréter ce texte, la distribution est d'excellence : Christian Clavier y campe un résistant pris malgré lui dans le jeu de la clandestinité, Jacqueline Maillant une cantatrice réfractaire à l'hébergement des allemands, Dominique Lavanant une jeune privilégiée colérique, Michel Galabru un ancien combattant hystérique, Martin Lamotte un héros efféminé et capricieux, Gérard Jugnot un collaborateur frustré, Roland Giraud un gradé allemand complètement naïf, Jean Carmet un résistant fort maladroit, Michel Blanc un prêtre campagnard, Jean-Claude Brialy un aristocrate occupé au tennis avec l'occupant, Jean Yanne un milicien pétainiste, Roger Carel un général allemand, Josiane Balasko une pharmacienne de mauvaise foi fricotant avec un allemand, Thierry Lhermitte un gradé tyrannique, Roland Giraudeau un résistant mené au peloton, Julien Guiomar un résistant communiquant par contrepèteries, Jacques François un condamné stoïque et Jacques Villeret le sensible demi-frère de Hitler.
Les décors et les costumes, précisément travaillés, font un formidable festival de couleurs et de formes qui expose la recherche à la fois historique et visuelle dont fait preuve ce long-métrage plein d'énergie.
En toile de fond, le long-métrage s'attaque vigoureusement non à la Résistance française comme de nombreux spectateurs ont pu le croire lors de la sortie du film mais bel et bien à la commercialisation de leur action via les mises en scènes cinématographiques extrêmement théâtrales et dépourvues de tout lien avec la réalité. Ainsi, l'équipe du Splendid présente une interprétation éloignée de la vérité historique tout autant que le sont les réalisations artistiques au sujet de cette époque.
Annoncé comme "le film qui a coûté plus cher que le Débarquement" par le générique du fait de la distribution, "Papy fait de la résistance" est une indétrônable comédie française, pleine d'humour, de moqueries, de dérision envers les mystifications médiatiques de la Résistance, mais aussi de vérité.