La famille Bélier
C'est le 17 décembre 2014 que la France découvre un film, réalisé par Eric Lartigau, qui allait devenir un véritable phénomène d'unanimité. Le scénario met en scène une adolescente dont les parents et le frère sont sourds et muets et qui se retrouve tiraillée entre les perspectives d'une carrière dans la chanson et l'aide qu'elle fournit à sa famille handicapée et paysanne.
A la tête de la distribution, la jeune Louane Emera dont la présence semble davantage due à la campagne publicitaire réalisée autour du film qu'au talent. Sa mollesse et son absence totale de tenue rendent inconsistante sa performance d'actrice. Au contraire, ses performances vocales ne souffrent d'aucune contradiction. A ses côtés, les interprétations fabuleusement laconiques de Karin Viard et François Damiens, qui, à défaut de pouvoir puiser dans le texte, se nourrissent de leur expérience respective afin de livrer un jeu de mîmes éblouissant, sont un véritable atout artistique. De même, le travail d'Eric Elmosnino relève d'une agréable finesse et met en relief l'évolution et la profondeur de son personnage.
Si le scénario permet, allié avec la réalisation, de rapprocher le plus possible le spectateur du handicap de surdité grâce, parfois, à une immersion dans le néant auditif, les lignes de l'histoire sonnent profondément creux. Le déroulement des scènes est téléphoné, l'émotion ne dégage aucune puissance et le fond semble souvent s'effacer devant un cliché du film romantico-initiatique.
Ressuscitant Michel Sardou dans un XXIème siècle l'ayant mis de côté, le film a au moins le mérite de faire un bel hommage au chanteur français par une sorte de mélange mielleux de ses plus fameux titres.
Construit pour un succès populaire, inconsistant à souhait pour un succès populaire, bien-intentionné pour un succès populaire, réunissant des éléments pour un succès populaire, ce film est un mélange de sujets multiples et intéressants comme ceux de la politique, du handicap, de la scolarité égalitaire, de l'art, de la relation à autrui ou de l'acceptation du talent, mais traité avec une légèreté si troublante que sa magie semble souvent s'évanouir derrière le mur de la commercialisation.