L'important c'est d'aimer
Dans ce film d'Andrzej Zulawski, sorti en France le 12 février 1975, Nadine est une actrice jouant dans des films alimentaires afin de pouvoir vivre et manger à sa faim. Après avoir rencontré un photographe, sa relation avec son mari va passer par une période de turbulences et de remises en question.
Le rôle pivot est celui de Nadine. Interprété par la plus brillante des Romy Schneider, dont la prestation dans la scène d'ouverture plongerait n'importe quel spectateur dans l'expectation admirative, le personnage est poignant et vrai. A la fois éblouissante, juste, puissante et profondément troublante, Schneider parvient à attirer les plus subtiles projecteurs sur son travail irréprochable, impeccable dans toutes les situations. D'un simple regard ou par le truchement de quelques mots, son talent impressionnant provoque tour à tour le dégoût, la compassion ou la tendresse.
A ses côtés, on retrouve Jacques Dutronc dans le rôle du mari. Surprenante et pour le moins déroutante, son interprétation sème autant le doute que le trouble. Il parvient à créer, en jouant une sorte de joie passive, un malaise qui déstabilise sentimentalement et intellectuellement le spectateur. Fabio Testi campe, quant à lui, le rôle du photographe avec un mystère épatant. Mention spéciale sera faite de Klaus Kinski, exceptionnel, élégant et acteur du jeu le plus épatant qui soit.
Les décors, de concert avec la direction de la photographie, forment un cadre tiraillé entre la beauté très diverse des intérieurs, l'éclatante énergie du sang et la rudesse des couleurs claires. L'oeil, électrisé et dérangé en permanence, n'a pas plus le droit au repos que l'esprit.
Les perspectives augmentent le sentiment d'isolement des personnages en les écrasant entre les murs des décors. Les lents mouvements de caméra, alternés avec des sursauts éperdus contribuent à noyer les protagonistes dans une atmosphère symboliquement tourmentée.
Le film est une quête de soi et une quête de l'amour. Il mélange les impressions comme les tons de jeu, les lumières comme les registres. Formidablement efficace, le long-métrage ne laisse pas de marbre car il ne connaît ni l'indifférence, ni la facilité, ni même l'évidence.