THOR
Au tour de Kenneth Branagh de passer derrière la caméra pour les studios Marvel. Au sein du Marvel Cinematic Universe, le quatrième film est tiré de la mythologie nordique et s'intitule "Thor". Sa sortie, programmée pour le 6 mai 2011, fait écho à deux réalisations de Jon Favreau et une de Louis Leterrier pour un univers Marvel entamé en 2008 par les célèbres studios de production.
Thor, banni d'Asgard par son père Odin pour lui avoir désobéi, trouve sur Terre un refuge à partir duquel il doit arrêter son frère, Loki, dont le but est de devenir roi d'Asgard et de vendre son royaume aux Géants des glaces dont les pouvoirs risqueraient d'anéantir toute trace de vie.
Enfin ! Au bout du quatrième film, Marvel se décide à changer légèrement son schéma scénaristique. Par trois fois les spectateurs ont assisté à la même construction : plusieurs batailles au cours du film jusqu'à un final improbable et gigantesque, une course à l'armement, une omniprésence du savoir scientifique et une invention convoitée qui tombe entre les mains de malfaiteurs humains, voire entre les mains de l'armée.
En lieu et place de deux camps terrestres, on retrouve deux univers étrangers dont l'un est complètement inconnu, ce qui apporte une touche de nouveauté à la constellation Marvel. On remarque les inter-connections entre ce film et les précédents, notamment avec l'omniprésence du SHIELD et l'évocation humoristique de Tony Stark. Néanmoins, le fourmillement des personnages que le spectateur doit intégrer parvient à rafraîchir cet univers extrêmement étendu qu'est Marvel avec des figures moins clichées que dans les précédents opus. De plus, l'achèvement du film se base moins sur le gigantisme que sur l'opposition psychologique qui déchire à la fois Thor et Loki. Le point culminant du spectacle exagéré et ridicule avait été atteint avec la fin de "Iron Man 2" dont Marvel avait donné l'image d'un point de non-retour dans la surenchère après une montée en puissance durant les deux premiers films produits par ses studios.
Certes les personnages sont trop nombreux pour que le spectateur parvienne à distinguer leur psychologie, c'est notamment le cas avec les compagnons de Thor, mais la multiplicité des caractères amène le spectateur à savourer le panel qui lui est présenté. Les deux personnages humains alliés aux divers personnages asgardiens sont rehaussés par des acteurs de talent.
Du côté de la Terre, deux célébrités qui ont été choisies pour incarner le docteur Erik Selvig et Jane Foster, à savoir respectivement Stellan Skarsgard et Natalie Portman. Le binôme fragile et blessé par l'histoire qui le dépasse fonctionne à merveille face au pouvoir clivant et immense des habitants d'Asgard. De leur côté, un extraordinairement charismatique et déchirant Tom Hiddleston incarne Loki, l'inimitable Anthony Hopkins campe le patriarche Odin et Chris Hemsworth un Thor somme toute assez cliché dans le genre des héros alors qu'il les dépasse en sa qualité de dieu. Le casting, réunissant trois générations d'acteurs, est une source de réussite pour ce film qui n'aurait pas souffert l'incapacité à incarner les différents protagonistes.
Kenneth Branagh est, quant à lui, un véritable atout de Marvel pour la réalisation de ce film. Même s'il est dommage que son travail se penche sur un univers où les effets spéciaux sont omniprésents, l'utilisation de la caméra est enfin digne du spectacle qu'elle a l'orgueil de capter. Alors que le résultat navrant de Jon Favreau dans les opus de "Iron Man" faisait désespérer les spectateurs ayant un minimum d'attente sur la réalisation des longs-métrages estampillés Marvel, le travail de Branagh est une bouffée d'air nouveau. Enfin, des discussions filmées avec d'autres plans que les classiques champs/contre-champs ! Enfin, un échange de plongées/contre-plongées pour souligner la supériorité ! La verticalité du cadrage n'était pas l'élément le plus valorisé par les précédents réalisateurs, leur préférant une horizontalité systématique, mais Branagh utilise sa caméra pour traduire la relation entre ses personnages, même lorsqu'ils sont de même taille (par exemple, dans le dernier dialogue entre Loki et Heimdall).
En définitive, même si la musique ne suit pas la relative qualité du film (relative à son genre, s'entend), on reconnaît aisément les efforts réalisés par Kenneth Branagh et son casting détonnant pour une adaptation plutôt réussie et maîtrisée. La meilleure depuis le début du Marvel Cinematic Universe car pouvant se vanter de mettre en image un scénario un temps soit peu modelé en dehors du synopsis cliché.