Prémonitions
C'est avec ce film de septembre 2015 qu'Anthony Hopkins retrouve une place qui lui est familière : celle d'un docteur doué d'un talent d'analyse extraordinaire aidant une équipe de police à retrouver un tueur en série. Sauf qu'il n'y a, dans ce long-métrage d'Afonso Poyart, aucune trace du psychopathe interprété par son acteur principal dans un célèbre film de 1991.
La direction de la photographie menée par Brendan Galvin est nette, rude et puissante. Les couleurs sont vives, même dans l'obscurité et renforcent les textures des matériaux utilisés avec une pertinence réjouissante. Les slow motions s'enchaînent dans l'art le plus maîtrisé du style, les retours en arrière sont arrangés avec une justesse déconcertante et l'équipe de réalisation montre de surcroît sa capacité à maîtriser les fausses mises au points focales lors de nombreux plans.
Au milieu de ce véritable travail de réalisation, l'interprétation est précise et juste mais ne nécessite malheureusement pas la moindre composition. Anthony Hopkins s'offre une prestation des plus rodées et le reste de la distribution se berce dans un cocon confortable de l'univers du cinéma policier. Colin Farrell propose quant à lui un personnage un minimum intéressant par son mystère mais n'apparaît à l'écran que très souvent, de telle manière que le schéma scénaristique possède une poignée de déjà-vu.
En toile de fond, le long-métrage aborde sous un aspect très surnaturel la thématique de l'euthanasie en faisant passer la compassion d'un camp à l'autre selon l'évolution des événements. Le sujet, redondant, manque de subtilité lorsqu'il s'agit de présenter un plaidoyer pour la pitié médicale ou une charge contre l'acharnement thérapeutique. La fléchette qui sert à atteindre cette cible est, sans la moindre surprise, le cancer et son inlassable chargement de larmoiements cinématographiques qui relèvent d'un banal affligeant.
"Prémonitions" est un thriller parfois réconfortant sur la qualité des films du genre et propose une alliance réalisation-photographie à la fois profondément qualitative et extrêmement déroutante tout en y mêlant des éléments un peu trop attendus.