Captain America : civil war
C'est le 6 mai 2016 que les salles américaines découvrent l'un des films les plus attendus de l'année. Après l'affrontement fratricide made in DC Comics de "Batman vs Superman : l'aube de la justice", c'est au tour de la guerre civile Marvel de s'emparer des cinémas. Le spectateur l'aura compris – et s'il a mal lu le titre, l'affiche lui fera comprendre explicitement – le film aborde une bataille entre Captain America et Iron Man, chacun amenant dans son sac une palanquée de super-héros découverts dans les précédents films des studios Marvel.
Après douze films, le Marvel Cinematic Universe revient à la charge avec ce long-métrage entamant une troisième phase après une première étalée de 2008 à 2012 et une deuxième planifiée de 2013 à 2015. A la réalisation, on retrouve Anthony et Joe Russo, réalisateurs de "Captain Marvel : Le Soldat de l'Hiver" (2014).
Après les nombreux dégâts causés par les mésaventures des Avengers sont établis les accords de Sokovie que l'ONU veut faire signer aux super-héros de l'univers Marvel. Ce document prévoit leur soumission aux dirigeants de l'Organisation des Nations Unies. Devant l'exigence de l'ONU, les Avengers se séparent en deux camps : l'un mené par Iron Man optant pour une signature des accords de Sokovie et l'autre, autour de Captain America, luttant pour son indépendance.
On aurait tendance à remarquer qu'après le film DC sorti en début d'année, la trame scénaristique semble redondante. Mais tâchons d'observer indépendamment cette réalisation des frères Russo. En guise de surprise, on découvre un Captain America (à l'origine créé au service du gouvernement américain) rebelle à l'idée de servir une organisation supra-étatique et un Iron Man (à l'origine indépendant) se ralliant à un contrôle politique absolu.
En ce qui concerne la psychologie des personnages, on peine à distinguer l'intérêt d'en mobiliser autant si ce n'est pour vendre un film de grand spectacle et ainsi rentabiliser au maximum le budget gigantesque du film. Comme souvent dans les longs-métrages de super-héros (si ce n'est systématiquement), le spectateur assiste à un déchaînement de coups échangés entre personnages immortels. Tout cela relève d'un ennui assez manifeste, d'autant plus que le scénario prévoit un virage peu crédible, à savoir deux camps composés du même nombre de protagonistes. Ainsi le film ajoute de nouveaux personnages afin d'éviter un minimalisme trop peu vendeur.
A ce sujet, on remarque que Spider-Man et Ant-Man sont complètement dévalorisés à cause d'une infantilisation qui s'illustre avec des réactions et des actes assez immatures chez tous les personnages. On ne reviendra pas sur la Tante May ridicule qui fait pâle figure après celle mise en lumière par la trilogie de Sam Raimi, ni sur le personnage de Helmut Zemo, intéressant mais complètement dissimulé sous l'intrigue nombriliste que développent les Avengers.
Une photographie assez classique, une partition guère meilleure que dans les autres films du MCU, mais quelques belles scènes d'action comme les quelques secondes où les deux camps foncent l'un vers l'autre et se mettent finalement à s'affronter. On notera aussi, finalement, l'habileté scénaristique sur la scène de l'accident de voiture et le twist final lors de son entière diffusion. En définitive, on sent une dérive de pure rentabilité au mépris de la qualité du film qui, même si la qualité n'était pas l'atout des œuvres produites par les studios Marvel, met en avant un spectacle profondément vide.