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Star Wars V - L'Empire contre-attaque

 

   Le 20 juin 1980, c'est à dire presque trois années après "Un nouvel espoir" et ses sept Oscars, les héros galactiques de George Lucas reviennent à l'écran sous la direction d'Irvin Kershner. Le créateur original a, quant à lui, la charge du scénario et de la production. Cette fois-ci, Luke, pivot de la trilogie, n'est plus dans une quête de lui-même mais dans une recherche subjective destinée à parfaire sa formation.

 

   Apparaissent dans ce film les planètes Hoth, Bespin et Dagobah, l'Empereur Palpatine, le chasseur de primes Boba Fett ou Lando Calrissian et sa Cité des Nuages. La direction de la photographie est tour à tour sombre ou éclatante, dans la continuité du premier opus.

 

   Les couleurs principales, à savoir le bleu omniprésent, le vert de Dabobah, le noir de l'Empire et le blanc de Hoth possèdent toutes une symbolique forte ainsi qu'un traitement judicieusement travaillé qui se répercutent sur les costumes ou les sabres. Comme souvent dans cette première trilogie, le bleu témoigne de la Force, le vert de la sagesse, le blanc du Bien ou de l'innocence et le noir du Mal ou de la solitude. Seule la Cité des Nuages possède l'ombre d'un doute : le blanc de l'architecture matérialise l'accueil et le rouge du ciel fait planer le danger sur les personnages.

 

   Le scénario, sur le parcours de Luke Skywalker, aborde des thèmes plus poussés dans son évolution mais puisant moins dans les notions mythologiques et thématiques du cinéma. A titre d'exemple, la tentation inspire une part non-négligeable du long-métrage et se fixe davantage dans un cadre de parachèvement que de voyage initiatique tel qu'il avait été développé dans "Un nouvel espoir".

 

   Si les personnages principaux demeurent sensiblement les mêmes, le spectateur observera un aplatissement de la psychologie de Han Solo au profit d'un esprit de groupe. Cette évolution des personnalités traduit la véritable fin du voyage initiatique au profit de la quête de la Rébellion. Ce qui était formation devient mission. Ce qui était découverte devient expérience.

 

   On remarquera que Kershner a choisi de reprendre, fidèle à sa logique de continuité, à la fois le caractère synopsistique du générique, la partition grandiose de John Williams, les transitions en simulacres de fermetures de portes mécaniques, les teintes, les lumières, les décors, les costumes. Néanmoins, le film propose une oeuvre dans laquelle le voyage est intérieur, à la recherche des bons et mauvais côtés de chacun. Ainsi parle la séquence de la grotte de Dagobah ou la révélation de la paternité supposée transmettre l'héritage du père au fils reconnu.

 

  Luke affronte effectivement l'image du père à travers ce long-métrage. D'abord l'image du père d'enseignement. Obi-Wan Kenobi lui apparaît afin de faire planer le souvenir de la figure l'ayant réalisé dans son existence nouvelle, Yoda devient le maître sage et Dark Vador laisse entrer la paternité biologique au sein d'une fiction majoritairement reposée sur l'intellectualité des relations filiales. Luke se retrouve ainsi entre la souffrance de voir l'image du père innocent détruit et la libération de se débarrasser de son affiliation en intégrant sa culpabilité.

 

   La partition est, de nouveau, issue du cerveau fertile et immense de John Williams dont la place dans le panthéon des compositeurs cinématographiques n'est plus à prouver. Si le film manque parfois de rythme scénaristique, la musique crève le cadre des séquences et emporte le spectateur dans une jouissance intergalactique éblouissante.

 

   "L'Empire contre-attaque" est le basculement du fermier vers le chevalier Jedi, le pivot de la trilogie initiale qui, même s'il n'est pas le meilleur des trois longs-métrages, fonctionne comme le propulseur des personnages principaux vers un intérêt commun dont l'évidence ne leur apparaissait pas dans "Un nouvel espoir".

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