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shining

 

   Lorsque la musique de Wendy Carlos envahit encore plus l'écran que l'image elle-même, durant le générique introductif, on ressent le désir initial de Stanley Kubrick qui était de faire le plus grand film d'horreur de l'histoire du cinéma. Puis le talent du réalisateur a pris le dessus avec ce film que les premiers spectateurs ont pu regarder dès le 23 mai 1980.

 

   En premier lieu, le film présente un panel très restreint de personnage, et donc d'acteurs. Mais leur performance exceptionnelle parvient à enfermer la raison dans les méandres de l'esprit, comme les personnages au cÅ“ur de l'Overlook. Jack Nicholson y livre une pure preuve de talent, très travaillée, et devenue mythique grâce à l'affiche du film. Il est accompagné de Shelley Duvall dont les traits effrayants ont été profondément travaillé par Kubrick en personne afin de façonner le physique déstabilisant de Wendy Torrance. Enfin, le petit Danny Lloyd sert au spectateur des scènes à couper le souffle grâce à une interprétation claire et extrêmement talentueuse. Les trois acteurs immortalisés par ce film de deux heures sont ainsi accompagnés de Scatman Crothers dans le rôle du tourmenté Dick Hallorann, Joe Turkel pour l'aimable Monsieur Lloyd et enfin Philip Stone dans la peau de l'hypnotisant Delbert Grady.

 

   On note malheureusement le mauvais doublage des personnages principaux, effectué par Jean-Louis Trintignant et Evelyne Buyle, qui ridicule les interprétations grandiosement ulcérantes de ces acteurs qui cessent justement d'être acteurs pour devenir personnages.

 

   Judicieusement choisis, les décors comportent l'originalité d'amener dans le cadre d'un film d'horreur des pièces et des bâtiments parfaitement propres, rangés et éclairés, ce qui confère au film sa saveur effrayante si particulière. On remarque les changements de tonalités et la violence de la lumière dans certaines scènes afin d'électriser l’œil d'un spectateur en alerte.

 

   Le film parle des labyrinthes de l'esprit, mis en parallèle avec celui, matériel, du jardin et les dédales de l'Overlook. Il étale ce qui semble être la corruption de l'esprit par l'esprit, décalage total par rapport au roman de Stephen King qui parlait de l'alcoolisme sur un fond de fantastique. L'auteur de l'ouvrage de référence n'a d'ailleurs pas assisté à la totalité de l'avant-première tant le film de Stanley Kubrick lui semblait différent du livre.

 

   Les longs et angoissants travellings, s'infiltrant entre les coupures brutales et les plans glissant, mènent à d'éternelles visions terrifiantes et n'en finissent pas de nouer le regard du spectateur aux fils habilement dirigés par Stanley Kubrick en personne.

 

   Le mélange de la superstition indienne camouflée dans les décors et certaines répliques, et qui ajoute du mysticisme à l’œuvre, l'omniprésence d'un subconscient manipulateur et la distension progressive des événements et des traits de personnalité contribuent à faire de "Shining" un film d'exception, absolument unique dans le genre, prouvant que la splendeur esthétique peut se mêler à une épouvantable histoire de basculement dans la folie.

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