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Le choc des titans

 

  Lorsque, le 2 avril 2010, Louis Leterrier dévoile son nouveau long-métrage, il est déjà habitué aux blockbusters. Néanmoins, après le "Transporteur" (2002) et "L'incroyable Hulk" (2008), "Le choc des titans" témoigne de moyens largement supérieurs et d'une dimension de production démesurée.

 

    Démesurée principalement parce que l'argent gaspillé dans la réalisation d'un film aussi imparfait n'a d'égal que le manque de recherche dont témoigne le résultat final. Cependant, il ne faut pas en attribuer toute la faute au réalisateur qui, comme dans de nombreux films à gros budget, est soumis aux exigences des producteurs. En l'occurrence, c'est à la Warner Bros que reviennent les torts, d'après l'équipe de tournage. Le scénario aurait été hollywoodisé afin de mettre en avant l'acteur principal rendu célèbre peu avant par « Avatar Â» (2009) de James Cameron. De même, l'ajout de la 3D a été voulue par la société de production afin de rattraper son retard sur la 20th Century Fox.

 

   Dans ce film, Persée part à recherche d'un moyen de vaincre le kraken. La créature marine a, en effet, été envoyée à Argos par Hadès à la demande de Zeus afin d'effrayer les hommes et de leur redonner foi dans les dieux. En dehors des fantaisies scénaristiques relevant d'un sens du spectacle davantage que d'une volonté d'adapter la mythologie au cinéma, on remarquera des anachronismes de tailles, notamment sur les costumes des soldats d'Argos ou la nature de leurs unités de combat. De surcroît, la présence des Djinns laisse à désirer quant à la rigueur scénaristique.

 

    Visuellement, la photographie ne relève pas d'un sens artistique digne d'un grand péplum. Le genre s'y prête pourtant assez favorablement, pour peu que l'équipe de réalisation veuille y accorder un peu de travail, comme dans le long-métrage "300" (2007) de Zack Snyder. Les effets spéciaux, quoique souvent de grande qualité, comportent quelques faiblesses et relèvent d'une omniprésence parfois agaçante.

 

   Voilà bien une fâcheuse tendance de la Warner Bros depuis son entrée dans le XXIème siècle et l'univers impitoyable des blockbusters que de remplacer un scénario de qualité par des acteurs de renom afin de détourner l'attention des spectateurs. Ainsi, en plus de Sam Worthington dans le rôle principal, on retrouve parmi la distribution un Liam Neeson abonné aux mauvais films à gros budget, un Ralph Fiennes habitué à la Warner grâce à la saga Harry Potter, un Mads Mikkelsen sous les traits d'un personnage dont le nom est latin et un Nicholas Hoult au seuil de sa carrière.

 

   La mise en scène, à force d'action, finit par se brouiller jusqu'à effacer la moindre construction visuelle de l'image. Le long-métrage sacrifie ainsi jusqu'à son aspect spectaculaire en noyant dans une réalisation confuse tous les détails qui le constituent. Même s'il n'est pas insupportablement mauvais, le film est raté et ne fera que passer le temps.

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