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   Nicolas Silhol, aux manettes de son premier long-métrage, dévoile ce film le 5 avril 2017 dans les salles françaises. Il s'agit d'un thème peu abordé qui fait honneur au cinéma hexagonal en évitant les comédies aux thèmes familiaux cent fois revus et en promouvant un sujet concret et social.

 

   Dans ce scénario, il est question d'Émilie Tesson-Hansen, une jeune directrice des ressources humaines dont le rôle est d'appliquer, dans une grande entreprise nationale française, un plan visant à pousser certains salariés préalablement choisis à quitter leurs fonctions pour éviter d'avoir à les licencier. Cette méthode menant à un harcèlement permanent sur le lieu de travail, un salarié plonge dans une dépression et se met à la suivre. Repoussée dans ses retranchements, elle lui avoue brutalement le plan de l'entreprise à son égard. Quelques minutes plus tard, le salarié tourmenté se jette du dernier étage dans la cour de l'entreprise et meurt sur le coup.

 

   Le regard jeté sur les pratiques de management est extrêmement critique car le film va ensuite monter comment la crise médiatique et morale du personnel est gérée de telle manière à poursuivre le plan sans attirer l'attention sur les méthodes internes. En ce sens, les personnages sont souvent filmés avec des plans serrés, écrasant leur présence dans un cade restreint, et les visages des différents interlocuteurs sont principalement filmés isolément afin d'accroître le sentiment de solitude de chacun ainsi que les responsabilités des multiples protagonistes.

 

   Céline Sallette, au cÅ“ur de ce film dramatique, tient un rôle qu'elle interprète avec finesse malgré les plans difficiles choisis par le réalisateur. Charismatique et froide avec une dose de tendresse paniquée, le personnage d'Émilie tient tantôt le rôle de la victime, tantôt celui de responsable des événements. C'est la raison pour laquelle le film donne à réfléchir sur le cautionnement de chacun dans une pratique de pouvoir autoritaire et nuisant au quotidien de quelque autre personne. La question est alors de se demander jusqu'à quel moment les objectifs dictés par les entreprises sont moralement applicables.

 

   Quasiment dénué de musique et de sculpture visuelle, le film peut se vanter de communiquer au spectateur un sentiment de rudesse et de brutalité que le déroulement du scénario ne vient pas contester. Pour un impact encore meilleur, la mort du salarié n'est pas montrée et n'est matérialisée que par un bruit sourd dans l'entreprise puis par des cris et des pleurs de la part de ses collègues s'apercevant de la situation.

 

   Le film s'ouvre d'ailleurs avec une phrase blanche sur un écran uniformément noir. Cette phrase dit que les personnages de l'histoire sont fictifs mais que les méthodes de management traitées par le long-métrage sont bien réelles. En outre, la première scène est diffusée comme un found-footage afin de faire croire à une véritable situation.

 

   Basé sur un fait économique réel, ce film marquant est une belle petite réussite et permettra à chaque spectateur de s'immerger dans une ambiance extrêmement pesante avec des acteurs talentueux et des personnages épais. On pourra attendre avec intérêt le deuxième film de Nicolas Silhol et revoir ce long-métrage qui fait honneur à la diversité du cinéma hexagonal.

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