Les Gardiens de la Galaxie - Vol. 2
James Gunn reprend la réalisation pour la deuxième apparition des Gardiens de la Galaxie dans le Marvel Cinematic Universe et crée ainsi un second volume sorti le 26 avril 2017 aux États-Unis. On y retrouve la bande de Star-Lord, lequel est confronté à la rencontre avec son père. Voilà .
Ce film est un magnifique exemple de la logique Marvel dirigée par Disney : la réalisation de longs-métrages extrêmement lucratifs mais, la plupart du temps, complètement inutiles à la ligne de fond, un affrontement inéluctable avec Thanos dans le cadre d'une possession des pierres d'Infinité. Alors qu'on retrouvait l'Oeil d'Agamotto dans "Doctor Strange" (2016), on revient avec ce nouvel opus des Gardiens dans l'optique d'un film centré sur des personnages en dehors de la trame de fond du Marvel Cinematic Universe.
Le problème est double si l'on considère que la démarche n'est pas reprochable. D'abord, il faut prendre en compte que nous en sommes au troisième film de la dernière phase de cet univers et que le fil rouge doit arriver à sa fin après seulement quelques œuvres supplémentaires alors qu'il a été amené sur 14 films précédents. Cela impose donc de développer un scénario qui soit en cohérence avec les œuvres précédentes et qu se fixe dans l'évolution de la trame de fond. On ne peut pas avoir un 14ème film – "Doctor Strange" – qui soit axé sur le fil des pierres d'Infinité mais passer ensuite à un 15ème film qui soit construit comme "L'incroyable Hulk" (2008) et qui ne fasse nulle allusion à la trame de fond comme l'étaient certains films du commencement de ce Marvel Cinematic Universe.
Ensuite, on peut considérer que le long-métrage se concentre sur un développement de l'univers de ces Gardiens de la Galaxie. Néanmoins, il aurait fallu que le scénario de ce nouvel opus soit consistant. Si on choisit de développer des personnages et un axe particulier, on doit faire en sorte que l'épaisseur soit manifeste et que la résolution de l'intrigue ne soit pas un élément mille fois revu.
En plus des situations durant lesquelles l'action prend le pas sur la profondeur (c'est à dire la totalité du film) et des combats où un être invincible affronte un être invincible (un peu à la manière de Superman et Zod dans "Man of steel" en 2013), ce second volume est d'une pauvreté accablante en ce qui concerne les dialogues. Laissant vacantes les places de la rélfexion et de la profondeur, ils enchaînent les perles de répliques cent fois entendues et de discussions d'une puérilité à faire rougir de honte n'importe quel acteur digne de ce nom.
Comme si tout cela ne suffisait pas, même l'humour manque à son rôle. On imagine mal un Deadpool ou des Gardiens de la Galaxie sans leurs plaisanteries particulières et leurs tempéraments propices aux bons mots. Avec ce nouveau film, on assiste à une tentative désespérée de faire rire à chaque minute avec des répliques débordant d'immaturité et d'enfantillages immodérés. Même si certains gags fonctionnent et provoquent le rire des spectateurs, on assiste à de longues, très longues scènes durant lesquelles le calme et l'impassibilité des personnages est supposée provoquer l'hilarité des spectateurs. Sauf qu'il n'en est rien. Il suffit de regarder la bande-annonce durant laquelle on voit Mantis lire dans l'esprit de Star-Lord et deviner qu'il est attiré par Gamora ou bien le passage durant lequel Rocket et Groot attendent un morceau de bande adhésive. Silence gêné dans la salle.
Loin de demeurer dans l'univers des comics, les instants humoristiques s'inscrivent davantage dans un aspect cartoonesque qui se manifeste par des mouvements ou des réactions irrationnelles, des attitudes ou des effets qui sont complètement exagérés et permettent ainsi de rire d'une situation rehaussée par l'exagération et – souvent – la rapidité.
Pour achever cette partie scénario-dialogues, il faut préciser que les recours à la culture populaire sont bien trop mis en relief et fréquents pour contenir une once de finesse. Caméos, allusions, références, souvenirs : tout ce qui faisait le charme du nostalgique premier volume des aventures des Gardiens se transforme alors en remplissage et en intrusions inélégantes, à peu près comme ce qui concerne la musique.
Tous les spectateurs se souviennent probablement de la liste de chansons reprises dans le premier volume. Et tous ceux qui ont visionné la bande-annonce ont probablement apprécié le morceau "Fox ont the run" que l'équipe du film avait décidé d'utiliser. Chacun se rendra compte comme la musique pop-rock n'est ici servie au spectateur qu'au profit d'une bande-son pauvre et sans créativité, mélangeant la musique des années 1970 ressortie systématiquement, les passages sans partition et les orchestrations épaulant des scènes pleurnichardes et outrancièrement soulignées.
Les points positifs du film sont les effets spéciaux et les décors. Explosions de lumières, tons éclatants, rayons multicolores : le travail sur la virtualité du long-métrage est manifestement soigné et devient une effusion presque symphonique et harmonieuse de palettes éblouissantes. Rares et brefs sont les passages durant lesquels on peine à croire à l'image qui est présentée tant l'aboutissement est satisfaisant. Les décors relèvent, par ailleurs, d'une créativité assez impressionnante avec des races vivantes et leurs villes modelées pour quelques secondes d'apparition, le design des vaisseaux, les paysages, les bâtiments et les végétaux dont l'originalité est souvent gâchée par des scènes décevantes et des interprétations extrêmement faibles.
A ce sujet, la mise en scène utilise des procédés vus et revus dans ce Marvel Cinematic Universe. Les ralentis sont servis pour essayer d'épauler des situations grotesques et caricaturales, les scènes supposément post-génériques (au nombre de 5, ce qui aurait permis de rattraper le film en faisant allusion au à la trame de fond et à Thanos) ne sont qu'une succession de sketches et ce qui s'apparenterait à de l'originalité (comme les scènes durant lesquelles Yondu se sert de sa crête) ont déjà vu leur originalité s'épuiser dans le premier volume des Gardiens de la Galaxie.
Les personnages ne semblant avoir pour seul but que de se laisser guider par les événements sans jamais agir afin d'influencer le déroulement des intrigues, ces créations des comics ne sont pas en mesure de rattraper un film décevant et insubstantiel dans lequel le leitmotiv de l'équipe de production a été de reprendre le premier opus pour en rehausser à outrance toutes les caractéristiques tout en ne prenant pas la peine d'écrire un script qui puisse être digne d'un adolescent sachant développer un écrit d'invention.