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dracula

 

   Le film parlant balbutie. L'expressionnisme cinématographique s'éteint avec ce progrès du 7ème Art. Mais Tod Browning s'apprête à lâcher, en tête d'une affiche de film, ce nom qui fera frémir les spectateurs des décennies durant et enfantera des multitudes de fils plus ou moins réussis et plus ou moins créatifs : Dracula.

 

   Le film reprend en scénario l'histoire du roman de Bram Stocker. Tout comme Friedrich Wilhelm Murnau en 1922 avec "Nosferatu" sauf que le réalisateur allemand avait minimisé la personnification du célèbre comte afin d'en faire l'allégorie de la peur et de l'extrémisme.

 

   A la place de Max Schreck, on trouve l'acteur qui sera plus tard l'incarnation de son personnage mythique : Bela Lugosi. Son sourire épouvantable, son costume impeccable, ses traits soignés, son regard exorbités et ses doigts crispés traduisent à l'image toute l'élégance de cet acteur légendaire. Il est aidé par une équipe extraordinaire, dans laquelle on peut retrouver le talentueux Dwight Frye, mais peut tenir à lui seul ce long-métrage glaçant où le sur-jeu ne tient pas le moins du monde de l'excentricité mais plutôt du talent le plus travaillé.

 

   Karl Freund et sa direction de la photographie à tout le moins exceptionnelle ajoutent ce toucher absolument spécial à la qualité de l'image : ombres, symétrie, jeux de lumières, contrastes, surexpositions, dessins de silhouettes etc... Le noir et blanc est élevé à sa plus parfaite utilisation dans un défilé de plans, somptueux même dans l'angoisse.

 

   La musique est celle de Tchaïkovski : "Le lac des cygnes". Il renforce avec force et beauté les scènes subtiles de cette heure et quart magnifique.

 

   Ce premier "Dracula" de l'histoire du cinéma, sorti en 1931, est un bijou du genre et magnifie l'horreur avec un savoir-faire et une technique irréprochables. Une véritable oeuvre d'art cinématographique comme on en regarde trop peu.

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