photo obsession
Robin Williams a souvent été bien à la hauteur de ses personnages. Avec "Photo obsession", il va encore plus loin et travaille sur une double désarticulation. En premier lieu celle de son corps désorienté et troublé, perdu dans les méandres de sa passion vicieusement obsessionnelle. En second lieu, celle de son esprit qui, dans ses songes et ses divagations, emporte tout l'être de ce Seymour Parrish à la fois effrayant, attachant et suscitant en même temps le dégoût et la compassion. Voire la compréhension.
L'histoire est si bien articulée que l'heure quarante-cinq du long-métrage semble n'être qu'une demi-heure. Deux parties se séparent l'évolution du personnage : une première qui dévoile au spectateur son esprit et une seconde faisant découvrir sa personnalité tourmentée aux autres protagonistes.
Un visuel crispant couronne cette ambiance oppressante en présentant un cadre de supermarché aux rayons impeccables et immaculés. Les habits des employés sont irréprochablement propres, la blancheur et ses assortiments de bleus et de gris clairs sont aveuglants, les grands espaces intérieurs et les produits parfaitement rangés donnent une impression d'hôpital ou d'établissement psychiatrique alliant les symétries de couloirs doublées de travellings déstabilisants à la "Shining".
La musique, qui aurait pu donner une dimension supérieure à l'explosion du personnage et à sa perte de conscience de la vie extérieure, est malheureusement trop absente pour susciter la moindre appréciation à son sujet.
Un film finalement très bien dirigé et interprété qui est une mise en abîme d'une pellicule aux couleurs splendidement maniées avec le plus subtil art esthétique mettant en scène un personnage détruit par ses obsessions et se réfugiant dans l'art visuel qu'est la photographie. Il est même possible de voir dans ce film une seconde mise en abîme qui relierait le spectateur et le personnage principal. A chacun de voir !
