Le dîner de cons
C'est le 15 avril 1998 que sort ce film de Jacques Veber. Dans cette adaptation de la pièce de théâtre du même nom, et écrite par le même Jacques Veber quelques années auparavant, Pierre Brochant invite François Pignon à un dîner. L'objectif du repas est simple : chacun des organisateurs amène un con ayant une passion surprenante, qui ignore la raison de son invitation, et le fait parler afin d'obtenir une palme décernée à la fin de la soirée par les organisateurs lorsque les invités sont partis. Le problème est que Brochant se fait un tour de reins avant de se rendre au dîner, l'obligeant à rester chez lui avec Pignon.
Le scénario, habilement construit sur une suite de dialogues tordants, de quiproquos irrésistibles, de malentendus géniaux et de silences hilarants, multiplie les situations cocasses et les échanges désopilants. A l'appui de ce texte à la fois efficace et brillant, un casting pertinent et talentueux. Désormais mythique, le duo principal est interprété par Jacques Villeret et Thierry Lhermitte. La force et l'humour de leurs salves dialoguées ne trouvent d'écho que dans leurs mimiques exceptionnellement drôles. Se joignent à eux la malheureuse Catherine Frot, le malicieux Daniel Prévost, la délicate Alexandra Vandernoot et l'indélicat Francis Huster. Cette distribution épatant nourrit d'énergie et de crédibilité le scénario souvent subtil et théâtral à la fois.
La chanson signée Georges Brassens et le générique introductif, immortalisés par le succès du long-métrage, font toujours leur effet à l'issue des premières minutes du film. Leur tranquillité acide relève avec finesse l'énergie dissimulée dans le scénario.
Rendant l'impression d'une ambiance agréable, la direction de la photographie opte pour un cadre minutieusement construit, subtil et délicat. La douceur émanant de la lumière utilisée s'allie parfaitement avec le décors dont l'équipe de réalisation se sert afin de canaliser le rythme des échanges et des situations. Ce travail, brillamment dirigé, fixe l'intérêt du huit-clos dans le cadre d'un tel long-métrage et inscrit la dimension artistique et visuelle de "Le dîner de cons" parmi les œuvres ouvrant la voie à d'autres films du genre comme "Le prénom" (2012).
Afin d'opérer une addition visuelle des protagonistes, la réalisation opte alternativement pour une utilisation de la profondeur de champ lorsque les personnages se superposent dans une même situation, une caméra rapide pour les dialogues énergiques, et une image très stable lorsque les échanges sont éclatés par de longs silences d'incompréhension.
En conclusion, "Le dîner de cons" est un film qui possède tous les éléments nécessaires à un film du genre. L'expérimentation de Jacques Veber tire le plus grand avantage d'un scénario efficace, d'une juste direction artistique et d'une interprétation épatante afin d'aboutir à un résultat irréprochable et, du reste, absolument culte.
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