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Suicide squad

 

   Le 5 août 2016 sort l'un des blockbusters les plus attendus de l'année. Casting populaire, scénario populaire, genre populaire. C'est ainsi que David Ayer a concocté le mélange explosif de "Suicide squad", troisième long-métrage appartenant à l'univers cinématographique DC après deux réalisations de Zack Snyder : "Man of steel" (2013) et "Batman vs Superman" (2016).

 

   Dans ce film, Superman n'est plus. Redoutant l'arrivée d'un méta-humain malintentionné, le gouvernement américain accepte la création d'un escadron de dangereux criminels afin de détruire cet éventuel surhomme. L'apparition d'une force maléfique incontrôlable va précipiter la mise à l'essai de cette troupe armée.

 

   Le scénario trempe dans le grand spectacle autant que dans le manque de finesse ce qui, il faut se l'avouer, étonne rarement dans ce genre cinématographique. Ainsi, l'apparition des personnages n'est qu'une simple énumération, certains passages sont incohérents ou troubles au point de ne pas permettre au spectateur de comprendre leur intérêt ou leur signification, et le squelette général semble parfaitement prévisible.

 

    A cela s'ajoute un festival de répliques singulièrement grotesques. Bourrés de clichés, de propos attendus et d'échanges convenus, les dialogues oscillent entre une mauvaise parodie et un sens du spectacle grossièrement basique. Le concept de réunir à l'écran une farandole de personnages célèbres ne date pas de cette année 2016 et ne s'arrêtera pas non plus à son horizon. La particularité était ici de réunir des "super-vilains", ce qui n'est pas spécialement original mais témoigne d'une approche inversée des fameux Avengers.

 

   Et quels super-vilains ! Le Joker, Harley Quinn, Deadshot, Killer Croc, Captain Boomerang, El Diablo, Slipknot et Katana réunis sur la même affiche : des personnages vendeurs catapultés dans la course au gigantisme que se livrent DC et Marvel. Le plus attendu était probablement Jared Leto, le successeur de Cesar Romero, Jack Nicholson et Heath Ledger dans le rôle du Joker. Grosse attente pour grosse déception. Celui sur lequel les espoirs du films se basaient, en se fondant sur sa capacité à intégrer complètement les personnages qui lui sont confiés, n'apparaît en tout et pour tout qu'un quart d'heure dans le film, endossant le costume d'un chef de gang à la Hans Gruber dans "Piège de cristal" (1988) mélangé au physique anorexique d'un adolescent détraqué. Pas de doute, le pire des quatre interprètes du Joker est assurément ce Jared Leto noyé dans des habits trop grands pour lui et un personnage pour lequel la production a voulu un acteur jeune et populaire qui se révèle ne pas être en adéquation avec le rôle.

 

    A ses côtés, on retrouve un Will Smith qui, non sans allusion à Danny Glover, est manifestement "trop vieux pour ces conneries". La médiocrité absolue de ses répliques égale presque celle de son jeu fatigué et en manque de motivation. Ainsi l'un des principaux éléments sur lesquels se reposait la production tombe à l'eau et provoque l'essoufflement général et rapide du film. Heureusement, Harley Quinn trouve en la personne de Margot Robbie son interprète de choix. Ses mimiques, ses expressions et son comportement tout au long du film servent grâce à un superbe travail la distribution et rééquilibrent l'intérêt de cet escadron. Néanmoins, on remarquera que l'énergie qu'elle dégage en terme de présence à l'écran est due aussi en grande partie à la doublure française car la version originale regorge de répliques avortées par une élocution minimaliste.

 

   Le reste des anti-héros se retrouve éclipsé derrière Robbie et sa permanente extravagance car le nombre n'a jamais nécessairement généré la finesse ou la capacité pour une équipe de réalisation de mettre en avant la totalité des personnages. Seul à se dégager légèrement, Jay Hernandez ajoute une certaine épaisseur à son personnage d'El Diablo grâce à un physique soigneusement travaillé et une retenue constante. Viola Davis et Joel Kinnaman témoignent d'une banalité affligeante, typique du genre, et d'un manque de volonté de la part de l'équipe de production à présenter des personnages profonds et charismatiques. Et naturellement, ils héritent d'un flot de répliques lamentables.

 

    Cara Delevingne va nous permettre d'accéder à un autre point de cette fiche : le visuel du long-métrage. En dehors des effets spéciaux pathétiques dont la jeune actrice est affublée, la photographie éclatante et criarde est un commencement de particularité pour ce film finalement si banal.

 

   Autre petite lueur d'espoir : on remarquera la partition agrémentée de classiques de la musique moderne comme pouvait le laisser penser la bande-annonce rythmée par le classique génial de Queen, "Bohemian Rhapsody". Ainsi, on pourra retrouver des extraits d'AC/DC, Eminem, Creedence Clearwater Revival ou des Bee Gees.

 

    Avec son manque de rigueur scénaristique, ses erreurs de casting et son travail souvent inabouti, "Suicide squad" paraît quelques fois déconstruit et souvent prétentieux sans le moindre fondement. Au final, le film se révèle extrêmement décevant et tout aussi insignifiant que sa bande-annonce le vantait magistral.

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