salo ou les 120 journées de sodome
Quatre fascistes aidés de soldats issus des faisceaux de combat décident de retenir captifs dans un immense domaine neuf jeunes hommes et neuf jeunes femmes afin de les éduquer à marche forcée selon la pensée du "divin marquis". Ce film est une adaptation de son ouvrage "Les 120 Journées de Sodome" mais l'histoire, au lieu de se dérouler en France au début du XVIIIème siècle, se situe en Italie durant l'ère mussolinienne.
Sévices, tortures, rapports contraints, endoctrinement, pédophilie et scatophilie sont le quotidien de ces dix-huit jeunes poussés à renier la bien-séance, les préjugés, la foi et la religion pour devenir des objets sexuels amoindris, humiliés et déshumanisés. En bref, une base scénaristique réellement estampillée Donatien Alphonse François de Sade.
Les plans et l'esthétisme du film sont très soignés. L'utilisation des captures en plongées et en contre-plongées sont monnaie courante et renforcent l'idée de soumission. De plus, l'omniprésence de la symétrie et des décors strictement géométriques appuient l'impression de froideur et d'automatisme.
Le parallèle historique entre le roman de 1785 et le fascisme italien tient dans un seul mot que le réalisateur a voulu mettre en valeur : le pouvoir. Pier Paolo Pasolini souhaite, à travers cette adaptation, traduire plusieurs dénonciations : celle de l'utilisation du pouvoir sur autrui pour un profit personnel et celle de la jouissance spontanée, personnelle, absolue et sans relief émotionnel.
"Salo ou les 120 journées de Sodome" est un film hautement symbolique dont les scènes, très travaillées, sont renforcées par des partitions musicales d'exception et des références intellectuelles éminentes comme Baudelaire ou Nietzsche. Fidèle à son esprit d'alternance entre l'érotisme et la philosophie, il est fort probable que ce long-métrage eût plu, au moins sur la forme, au divin marquis.