Cinéman
Le 28 octobre 2009, Yann Moix présente son second long-métrage, après "Podium". "Cinéman" raconte l'histoire de Régis Deloux, professeur de mathématiques possédant le pouvoir de se rendre dans les films afin de sauver une actrice.
Le scénario, co-écrit par le réalisateur, explore les univers très divers de films très différents, transportant le personnage principal dans la peau de Buster Keaton, Clint Eastwood, Robert de Niro ainsi que Ryan O'Neal, ou lui faisant interpréter Robin des Bois, Jésus Christ, Tarzan ainsi que Zorro. La mise en scène utilise de nombreux éléments caractérisant le cinéma. A la tête de ceux-ci, le mauvais doublage des dialogues volontairement orchestré ou l'ajout des sous-titres sur le personnage lorsqu'il parle dans une langue étrangère.
Comme dans un film de Jacques Tati, à chaque geste correspond quasiment un bruitage. En changeant d'époque et de film, les personnages voient les sons associés à leurs actions modifiés et volontairement amplifiés. De même, les partitions choisies pour composer la musique du film font allusion à de nombreux longs-métrages du cinéma, français ou international.
Comme dans un film de Gaspar Noé, les scènes se déroulant dans la véritable vie de Régis Deloux possèdent une photographie extrêmement vive, à l'excès, jusqu'à provoquer une overdose de couleurs s'opposant aux tons plus durs des films en noir et blanc ou des péplums. Les films dans lesquels les personnages sont projetés modifient la photographie de sorte que différentes ambiances puissent s'additionner et rendre hommage à plusieurs genres cinématographiques.
La mise en abîme caractérisant ce film permet au réalisateur de briser indirectement et fréquemment le quatrième mur en jouant avec les facilités artistiques de Franck Dubosc. On remarque d'ailleurs que les traits de ce dernier se griment très facilement jusqu'à ressembler très profondément à de grands acteurs ou de grands personnages du cinéma. A ses côtés, l'inépuisable Pierre-François Martin-Laval interprète Craps, un diabolique protagoniste poursuivant les deux héros de film en film. On remarque aussi les interventions de Pierre Richard, Michel Galabru ou Anne Marivin.
Ce film est une déclaration d'amour au cinéma, à sa richesse et à sa diversité. Plein de bonnes intentions, de références, de recherches et utilisant une sympathique déconstruction du schéma cinématographique, "Cinéman" a certainement perdu la bataille de la critique lors de sa sortie car il ne se conforme pas à ce que le public attendait de lui, à savoir une comédie. Comme un travail de captation, le long-métrage rassemble et catalyse une somme d'informations et un condensé d'histoire cinématographique époustouflant, afin de mieux vulgariser son évolution et ses grandes étapes dans un hommage souvent réjouissant et durant lequel on ne s'ennuie pas.
