le kid
Le 6 février 1921, les Etats-Unis découvraient ces cinquante minutes de film connues sous le titre de "The Kid". A une époque où l'expressionnisme cinématographique s'est emparé du Vieux Contient, celui que l'on nomme désormais Charlie Chaplin s'attache à un tout nouveau genre : la comédie dramatique. Versant tantôt dans le comique tantôt dans le pathétique, ce long-métrage raconte l'histoire d'un bébé recueilli par un homme et grandissant à ses côtés en provoquant une suite de péripéties.
Chaplin a plusieurs rôles dans la réalisation du film : il est à la fois réalisateur, scénariste, producteur, acteur, monteur et directeur musical. Le film, en noir et blanc, et de surcroît muet, s'inscrit dans l'histoire du 7ème Art grâce à de grands atouts.
Premièrement, nous devons revenir su le style visuel de cette décennie précieuse pour l'art esthétique et animé. Grâce à des réalisateurs comme Fritz Lang, Friedrich Murnau ou Robert Wiene, le cinéma de la fin des années 1920 et de la fin des années 1910 a créé l'expressionnisme qui, plus qu'un genre, est véritablement une époque incarnée du tout jeune cinématographe. Ainsi dans "Le Kid" retrouve t-on des visages féminins travaillés comme dans "Métropolis" (1927), des décors semblables à ceux de "Nosferatu" (1922) et des maquillages ou expressions apparentées à ceux que l'on retrouve dans "Le cabinet du docteur Caligari" (1920).
Deuxièmement, évoquons l'omniprésence d'une musique dont l'indéniable qualité fait de cette partition un personnage à part entière. Les notes mettent en mouvement les émotions des mélodies comme les gestes de Chaplin mettent en valeur le talent du comédien.
Ensuite, il nous faut avouer que les acteurs ne pouvaient être mieux choisis. Entre un Chaplin toujours en pleine ascension avant ses plus grands succès et un enfant joué par le formidable et très jeune Jackie Coogan. Ces deux complices, malgré les 25 ans qui les séparent semblent faire partie d'un même monde émerveillé.
Enfin, parce que le film est devenu culte, l'image célèbre des deux têtes d'affiche assis côte à côte sur une marche est devenue un symbole des années 1920. Les plans soignés permettent une stabilisation de la caméra et l'ancrage des images dans le cerveau du spectateur. Celles-ci sont par ailleurs d'autant plus marquantes que l'émotion y semble gravée sur les traits des acteurs.
"Le Kid" avait tout pour être un film éternel et il n'a pas manqué à son devoir. La réjouissance, l'émerveillement et la fragilité qui émanent de cette oeuvre majeure ne trouvent nulle part leur pareil dans le 7ème Art.
