Money Monster
Le 13 mai 2016, Jodie Foster dévoile un nouveau long-métrage. Malgré ses activités d'actrice, réalisatrice et productrice, la célèbre interprète de Clarice Starling dans "Le silence des agneaux" (1991) travaillait sur ce film depuis plusieurs années.
A la suite de la faillite d'une société d'investissement, le présentateur d'une émission financière nommée Money Monster, qui avait recommandé peu de temps auparavant d'investir dans cette société, est pris en otage en direct sur le plateau de l'émission par un homme ayant perdu tout son argent dans la faillite de la société.
A la tête de la distribution, on retrouve un George Clooney dont la juste interprétation traduit l'immaturité fantaisiste et l'intelligence aiguisée d'un homme poussé dans ses retranchements et dans une angoisse permanente. Risquant à chaque instant la mort, son personnage prend, sans excès, une épaisseur absolue en dévoilant tout ce qu'un homme est prêt à faire pour rester en vie, tout en continuant à jouer son spectacle télévisuel comme s'il s'agissait de son seul moyen de se raccrocher à la dignité.
Julia Roberts joue le rôle de sa productrice, dont le travail réside dans la direction de l'émission, dans le studio où elle est tournée. Invisible depuis le plateau sur lequel le présentateur Lee Gates est retenu en otage avec une ceinture explosive autour de la taille, le personnage de Pathy Fenn est interprété avec une anxieuse sobriété très communicative.
On notera l'interprétation très troublante et extraordinairement talentueuse de Jack O'Connell dans le rôle de Kyle Budwell, le terroriste désespéré. Son jeu tourmenté, tantôt saccadé et hystérique, tantôt épuré et déconnecté, justifie une omniprésence tout au long du film de sorte que, même hors champ, Budwell envahit les seuls espaces libres du studio grâce à sa psychologie complexe.
Le scénario du long-métrage contient en réalité très peu de personnages en dehors de ceux-ci. Les dialogues s'articulent entre eux dans la quasi-intégralité de l'histoire. Ce script traduit à l'écran, par des choix de réalisation très pertinents, des échanges très pointus, dans une tension palpable qui ne cesse de grimper jusqu'à atteindre des sommets où l'on préférerait que tout se termine mal plutôt que de continuer à être pris dans l'angoisse des personnages, est d'une vive intelligence. De plus, les renversement de l'histoire, les rebondissements, les faux espoirs et les tentatives avortées parsèment le scénario de sorte que le spectateur se sentira continuellement abattu par les circonstances catastrophiques, tout comme les protagonistes pris au piège.
Les décors du film présentent un intérêt absolu dans l'ambiance générale dont le scénario est le socle. L'immense majorité de l'histoire se déroulant dans le studio de Money Monster, les personnages subissent un étouffement permanent qui atteint même les spectateurs. La tension confinée dans l'espace restreint des studios s'évacue en un sentiment de trouble lorsque le décor devient soudain un cadre de plein air.
La réalisation signée par Jodie Foster témoigne d'un talent certain pour faire entrer le spectateur dans le scénario. Afin de provoquer cette immersion, l'objectif est tantôt celui de la réalisation du film, tantôt celui des caméras utilisées sur le plateau de l'émission fictive Money Monster. Dans ce dernier cas, les bandeaux d'information défilent en bas de l'écran et la qualité de l'image est moindre, de sorte à faire croire au spectateur qu'il est en train de regarder l'émission en direct ou qu'il se trouve dans le studio d'enregistrement. De même, alors que le film montre les échanges entre le présentateur et le terroriste, on entend les propos prononcés par Pathy Fenn en hors champ dans l'oreillette de Lee Gates, ce qui donne l'habile illusion d'être à sa place.
Ces éléments de réalisation ainsi que la totalité du travail fourni permettent au long-métrage d'être très puissant et très addictif, au point qu'on souhaiterait qu'il puisse durer encore plus longtemps afin de prolonger les dialogues, la tension et la psychologie des personnages. De loin l'un des meilleurs films à suspens de la décennie.
