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Tchao pantin

 

   Le 21 décembre 1983, les salles françaises découvrent le nouveau film de Claude Berri : un drame présentant la rencontre de Lambert, un pompiste solitaire, et de Bensoussan, un jeune délinquant en quête d'avenir qui vend de la drogue pour survivre. Le long-métrage aborde les problèmes de l'éducation et de la mafia urbaine avec une émotion très particulière.

 

   Dans le rôle de Lambert, on retrouve une interprétation immense de Coluche. Habitué à l'humour et à la comédie, celui-ci opte pour une prestation profondément sensible et tourmentée qui ajoute à la noirceur du film. A ses côtés, Richard Anconina campe Bensoussan et se fait la matérialisation de la jeunesse gaspillée face à la solitude désabusée de Lambert. En troisième rôle, la vibrante et bousculée Lola atterrit entre les mains d'Agnès Soral qui, sans surjeu aucun, étonne par sa déchirante détresse.

 

   La photographie donne l'impression que toute la pellicule est diffusée en négatif. La quasi-totalité du long-métrage se déroule de nuit, les décors, les costumes et les traits des personnages sont profondément sombres. Le spectateur est ainsi noyé dans une ambiance déprimante, chagrinée, désorientée. Caché et vivotant, c'est tout un univers qui apparaît dans la plus terrible détresse. Les bruits sont, comme les traits de lumière, soudains et rudes. Les motos, par exemple, écrasent l'attention du spectateur dans le plus grand déchirement.

 

   Les dialogues, signés par Alain Page, alliés au scénario de Claude Berri, sont poignants même s'il sont peu nombreux. Leur effacement répété provoque des blancs déstabilisants et leur laconisme brutal une sorte de bestialité accablée.

 

   Claude Berri signe avec ce film un long-métrage sensible, touchant et émouvant. Servi par une distribution aussi pertinente qu'efficace, "Tchao pantin" est une Å“uvre dramatiquement belle et puissante qui traduit avec justesse la solitude urbaine et la détresse d'une jeunesse fracassée par l'abandon.

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