La fureur de vivre
C'est en 1955 que Nicholas Ray offre à James Dean l'occasion de forger encore davantage la légende américaine qu'il est demeuré. L'acteur mythique est ainsi, le 27 octobre de cette année, à l'affiche du film qui sera son avant-dernière interprétation.
Il y incarne Jim Stark, un jeune en quête d'avenir et d'identité à la vie bouleversée par les excès. A cette toile de fond s'ajoutent les thèmes dominants de la solitude et de la fatalité qui poursuivent les héros comme une sorte de romantisme moderne. La portée du film dépasse largement l'époque du tournage grâce à l'intemporalité de James Dean et le questionnement profond sur la parenté.
Le scénario se meut dans une ambiance désagrégée, comme éparpillée, rehaussée par une direction de la photographie très sombre. De nombreuses scènes se déroulent ainsi de nuit, de manière à mettre en relief les traits et les expressions des personnages. La caméra devenant régulièrement subjective, le spectateur se retrouve projeté dans l'esprit de personnages flanchant ou s'affalant, ce qui contribue à l'ambiance crispée et à fleur de peau qui caractérise le long-métrage.
L'interprétation des acteurs est de surcroît absolument impeccable et irréprochable à tel point que les protagonistes prennent un relief maximal et deviennent profondément passionnants. James Dean en acteur principal livre un travail juste et puissant, grave et immense. Il est accompagné à l'écran par Natalie Wood et Sal Mineo, tous trois formant un trio talentueux, frais et définitivement efficace.
Le film est finalement tiraillé entre l'insouciance et la fatalité, présentant une fable sur le fossé générationnel, l'isolement, l'incompréhension, la faiblesse, l'énergie et la perte de soi. Sa qualité est d'une remarquable justesse et contribue largement à la légende James Dean tout en attirant l'oeil du spectateur sur le mal-être universel des générations qui manquent de dialogue et de communication.