9 mois ferme
Le 16 octobre 2013, Albert Dupontel révèle au public son cinquième long-métrage, l'histoire d'une magistrate, Ariane Felder, apprenant six mois après une soirée très arrosée qu'elle a fait un déni de grossesse depuis l'événement alors qu'elle est enceinte d'un criminel.
La réalisation mise, contrairement au style Dupontel, davantage sur un comique de premier plan que sur un absurde de premier plan. On retrouve néanmoins les éléments de capture qui caractérisent les films du cinéaste français. Par exemple, les arrêts de caméra, les mouvements brusques, les rotations ou les rapprochements sont couramment utilisés au profit de scènes très comiques voire parfois surréalistes.
La photographie, signée Vincent Mathias, est très différente des précédents films du réalisateur. Par exemple, les couleurs et les lumières ne sont plus aussi vives et bariolées que dans "Enfermés dehors" (2006). Mais la plupart des scènes revêtent cependant une lumière chaleureuse cassée par de petits objets ou éléments de décors aux coloris extrêmes, comme certains costumes, certaines peintures ou l'omniprésence des codes Dalloz. Ainsi, le rouge et le jaune possèdent, comme souvent chez Dupontel, une place majeure dans l'image.
De même, la musique composée pour le film est davantage portée sur une bande originale que sur un rassemblement de morceaux électrisants tels qu'utilisés pour servir à merveille les scénarios d'humour absurde de précédents films. La partition rassemble des morceaux doux et paisibles s'achevant, sur le générique final, avec une chanson reprenant le titre du film. Cette différence se mêle avec le traitement plus minoritaire que de coutume du sujet de l'innocence, thème récurrent de la filmographie Dupontel.
Au centre de la distribution, on retrouve une Sandrine Kiberlain brillante. A la fois tendre et puissante, elle dégage un charisme indispensable à la qualité de son interprétation. A ses côtés, Albert Dupontel hérite du rôle du prétendu criminel. On retrouve aussi des acteurs récurrents de la filmographie du réalisateur comme Philippe Uchan ou Nicolas Marié qui avaient déjà strié de leurs talents "Bernie" (1996) ou "Le Créateur" (1999).
Comme à l'accoutumée, le film traite de thématiques concrètement tournées en dérision avec un cynisme exceptionnel. L'institution judiciaire, la médiatisation, la profession d'avocat, la paternité et le carriérisme sont ainsi mis à l'honneur avec l'honnêteté crue, noire et délirante que l'on sait. L'efficacité de cette manière d'aborder des sujets n'est définitivement plus à prouver.
C'est un film talentueusement construit que nous présentent Albert Dupontel et toute l'équipe de réalisation de "9 mois ferme". La tendresse ou le relatif apaisement avec lesquels les thèmes du films sont abordés ne les empêche pas de le faire avec pertinence ni de mettre en relief les passages fantaisistes voire complètement poétiques et métaphoriques du long-métrage.