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Les nouvelles aventure d'Aladin

 

   Dans un centre commercial, deux jeunes déguisés en Père Noël sont retenus par des enfants souhaitant se faire raconter une histoire. C'est ainsi que "Les nouvelles aventures d'Aladin" sont introduites dans le film d'Arthur Benzaquen sorti le 14 octobre 2015 dans les salles françaises.

 

   Afin d'éviter les méandres d'une histoire toujours identique, le scénario opte pour une réécriture comique et moderne. En ce qui concerne le comique, il faut bien avouer que la sauce ne prend pas à tous les coups mais que de nombreux gags sont rudement efficaces. L'humour repris dans ce long-métrage est celui des Monty Python que les Nuls et Alain Chabat avaient précédemment et talentueusement adapté au cinéma français. Les répliques oscillent ainsi entre un comique de situation et une révélation des ficelles du scénario par des sorties de l'histoire qui rappellent au spectateur sa condition. Inspirés de toutes ces formes de comique du 7ème Art, on retrouve les anachronismes, l'absurde, les références cinématographiques, les décalages, les voix modifiées, les accents simulés, les monologues faux, les exagérations et, comme souvent, un saut dans le temps. Autant d'éléments qui permettent de rapprocher l'inspiration de ce long-métrage à "RRRrrrr !!!" (2004) d'Alain Chabat auquel le film de Benzaquen fait d'ailleurs ouvertement allusion via le gag de la montre, "Sacré Graal !" (1975) de Jones et Gilliam, "La vie de Brian" (1979) de Terry Jones ou "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" (2002) d'Alain Chabat.

 

   Sur le plan visuel, on retrouve aussi l'une des caractéristiques du genre : une direction de la photographie peu innovante. Autant les effets spéciaux "faits-maison" des anciens films d'humour absurde comme ceux des Monty Python paraissaient ajouter au volontaire grotesque des situations, autant les effets spéciaux numériques comme ceux présents dans le film de Benzaquen paraissent bien risibles par moments et deviendront officiellement dépassés d'ici quelques années.

 

   Les personnages, si leur psychologie n'est pas ce qui est recherché par le genre du long-métrage, peuvent au moins se vanter de posséder des interprètes dignes des rôles. Le film présente trois générations d'acteurs comiques. D'abord Kev Adams et William Lebghil, apparus pour la première fois à l'écran quelques années auparavant. Ensuite Eric Judor, Ramzy Bedia et Jean-Paul Rouve, témoins de la génération des quadras. Et enfin l'inépuisable Michel Blanc, dont le public connaît les dizaines de références cinématographiques dans tous les genres et l'expérience au sein de la troupe du Splendid. Tous livrent des travaux appliqués et efficaces concernant l'interprétation et rendent effective la puissance de nombreux gags. Entre folie, fantaisie, justesse, silences et ruptures de jeu, chacun construit son rôle à travers des mimiques et des élocutions spécifiques, pour le plus grand délassement du spectateur. Même ceux, dont l'admiration envers certains interprètes ne saurait se parer d'une renommée insurmontable, pourront profiter de répliques justement dosées et de gestuelles complètement loufoques.

 

   Au sujet de la musique, on relèvera sa profondeur au même titre que celle de la réflexion inspirée au spectateur par le scénario. Déstabilisé, le spectateur ne peut précisément savoir si les morceaux diffusés en fond sont parodiques ou simplement médiocres. Néanmoins, il préférera la première hypothèse.

 

   En conclusion, si les critiques régulièrement violentes à l'encontre de ce long-métrage sont à la mode, le film témoigne d'une certaine efficacité et d'une manifeste absence de complexe. Loin de nombreuses productions françaises aussi peu humoristiques qu'ouvertement pathétiques, "Les nouvelles aventures d'Aladin" est un habile mélange entre influences cinématographiques et construction populaire qui ravira tous les spectateurs qui n'y attendaient pas une réflexion sur la transcendance zoroastrienne.

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