Good morning, Vietnam
L'exclamation de Robin Williams n'aura pas attendu bien longtemps avant d'être connue de tous. Le 23 décembre 1987, les États-Unis découvrent la nouvelle réalisation de Barry Levinson, un film de guerre se déroulant durant le conflit du Vietnam.
Alors que la patrie américaine est engagée en Asie, un homme est envoyé au Vietnam afin de mener une émission de radio supposée remonter le moral des troupes. Rapidement, son humour, ses boutades osées, son irrespect, son irrévérence et ses indiscrétions vont créer des affrontements entre les membres de sa hiérarchie quant à son renvoi des ondes, tandis que le soutien des soldats lui est indéfectiblement acquis.
Le scénario est, de toute évidence, extrêmement léger. Avec un fil conducteur simple et une action centrale très réduite, le film tente de se développer sur des aspects plus humains avec, par exemple, le rapport entre les personnes. D'abord entre les américains envoyés au Vietnam. Ensuite entre les soldats et les habitants. Cette manière d'envisager la dispersion scénaristique du film se ressent davantage dans une tentative d'apporter une épaisseur au drame principal. On remarquera que ce long-métrage est probablement l'idée ayant inspiré Peter Weir pour prendre Robin Williams comme acteur principal dans "Le cercle des poètes disparus" (1989) car plusieurs scènes montrent le comédien en train d'enseigner de manière très libre et moderne dans une classe de jeunes vietnamiens.
Comment parler de ce film sans évoquer le magistral Robin Williams et ses qualités d'interprétation incomparables ? Les bruitages, les imitations, les rôles, les accents, les sketches, les détournements et les pics d'information se mêlent dans ses répliques en une farandole interminable de fantaisies justes, spectaculaires et dosées. Plus encore que sa présence étonnante et inépuisable à l'écran, on relèvera le magnifique moment, muet, durant lequel Cronauer, après avoir fait un sketch improvisé en direct devant plusieurs camions de soldats, regarde les véhicules s'éloigner avec un regard désabusé se voulant rassurant.
A ses côtés, on remarquera un Forest Whitaker dont les fluctuations vocales délirantes et survoltées ponctuent le film de fantaisies auditives au même titre que les envolées de Robin Williams. Dans un cadre davantage émotionnel, Tung Thanh Tran est une lueur de délicatesse et de détresse dans ce long-métrage dont, nous l'avons précisé, le scénario aborde l'allure plus individuelle que prend la guerre du Vietnam. L'apothéose de son personnage est le passage des aveux à l'animateur radio dans le quartier d'un village vietnamien. La beauté du passage relève d'une attention particulière
La bande-originale rassemble de nombreux titres extrêmement connus. De "Baby, please don't go" (Them) à "I get around" (Beach Boys) en passant par "I got you" (James Brown), les titres s'enchaînent avec une précision de mise en scène absolument savoureuse. On retiendra par-dessus tous ces extraits, la diffusion de "What a wonderful world" sur des images montrant la guerre dévaster familles, villages, bâtiments et infrastructures. L'une des meilleures séquences du film, assurément. La dernière intervention de Williams dans le film cite plusieurs mots d'une chanson intitulée "Ol' man river" dont les connaisseurs savoureront en souvenir la beauté en entendant Cronauer tirer son irrévérence.
En définitive, un scénario creux astucieusement mis en scène par une équipe efficace et énergique dont l'impact créatif demeure à ce jour inégalé dans l'originalité et la singularité.
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