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Le tatoué

 

   En 1968, Denys de La Patellière reprend la réalisation pour une comédie rassemblant deux légendes du cinéma français : Jean Gabin et Louis de Funès. L'histoire est celle de Félicien Mézeray, un très riche collectionneur d’œuvres d'art, s'engageant, afin d'obtenir une immense somme d'argent, à récupérer un tatouage gravé par Modigliani sur la peau d'un homme. Le seul problème est que cette toile vivante n'est autre qu'un ancien légionnaire, sexagénaire traditionaliste et très fort de caractère.

 

   Jean Gabin, à 64 ans, est l'interprète brillant du légionnaire Lebrun, refusant les progrès technologiques et vivant avec bonheur de sa maigre retraite. Son coffre vocal, vibrant de sincérité et de puissance, donne une teinte de sagesse et d'authenticité au long-métrage. A ses côtés, Louis de Funès se fait appeler sans cesse "jeune homme". Âgé de 54 ans, le comédien campe fabuleusement le rôle de l'expert connaissant davantage les affaires que l'art. Très précieux et profondément prétentieux, son air méprisant lui sied à merveille et tranche judicieusement avec le côté archaïque de Jean Gabin.

 

   Si la direction de la photographie ne relève pas d'un travail profond, les décors mettent en opposition deux univers différents : d'un côté celui de la capitale urbaine et de l'autre celui de la campagne provinciale, toujours ancrée dans la ruralité.

 

   Les dialogues, vifs et brillamment taillés, multiplient les échanges acérés et comiques entre les deux protagonistes antagonistes. Leurs désaccords, leurs principes, leurs vocabulaires, leurs gestes, leurs habitudes : tout les oppose et organise de subtiles scènes dans lesquelles la tendre candeur côtoie l'aimable affrontement.

 

   Grâce à une réalisation exercée, le film parvient à faire la balance entre la comédie assumée et la morale passive, alliant des caractéristiques de ces deux éléments. Les scènes, souvent irrésistibles, peuvent se targuer d'être menées par des acteurs d'exception devant lesquels le cinéma français ne peut, une fois encore, que s'incliner.

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