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Pan

 

   Le 21 octobre 2015, alors que la célèbre date faisait venir Marty McFly dans le futur, un film arrivait sur les grands écrans français afin de tirer encore une heure quarante-cinq de long-métrage autour du personnage de Peter Pan.

 

   Scénaristiquement, la construction de l'histoire racontée par le film est d'un classique déroutant, au point d'en connaître la fin dès les premières minutes. Sauf que de nombreux détails relèvent du spectacle davantage que de la pertinence. A titre d'exemples, on peut citer les premières minutes du film durant lesquelles on voit Peter Pan bébé puis enfant, ce qui est une hérésie considérant le caractère intemporel du personnage, ou bien l'alliance entre Peter Pan et James Crochet se rencontrant pour affronter Barbe Noire, ainsi que le bateau volant (le fameux Jolly Roger) mitraillé par les avions de la Royal Air Force car pris pour un appareil de la Luftwaffe.

 

   Le gros point fort du film demeure son esthétisme. C'est peut-être sur cet unique point que la qualité a été concentrée par l'équipe de réalisation. L'explosion des couleurs est étincelante et la profondeur du champ est mise en valeur par des effets spéciaux irréprochables. On peut souligner le travail de la direction de la photographie qui organise les lumières et les jeux d'ombres avec un brio époustouflant.

 

   En ce qui concerne les personnages, le spectateur remarquera leur honteux manque de fond et d'épaisseur. Quelques larmoiements, disséminés parmi des scènes qui reprennent la fâcheuses tendance hollywoodienne consistant à détricoter les personnages mythiques en révélant leur passé ou leur intimité, ce dont on se moque éperdument, plutôt que de donner du relief à leur psychologie, et les scénaristes se sentent largement satisfaits.

 

   Autre élément intéressant : la musique. Sous la direction de John Powell, la partition prend vie de manière très efficace. On remarque aussi que le chant incanté par les partisans de Barbe Noire lors de sa première apparition ne reprend rien d'autre que les paroles de "Smells like teen spirit" de Nirvana, ce qui relève d'une adaptation maline et ingénieuse donnant au film un aspect parfois porté sur la comédie musicale.

 

   "Pan" est une réussite visuelle autant qu'un échec intellectuel. Ce film met en relief l'évidente facilité des longs-métrages à gros budgets : peu de fond mais formidablement bien emballé.

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