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Crimson Peak

 

   Lorsqu'un spectateur se rend dans une salle obscure afin d'y découvrir un film signé Guillermo del Toro, il ne s'attend certainement pas à voir une comédie romantique. Mais il ne peut toutefois pas s'attendre à ce qui va lui être projeté.

 

   Entre "Shining" (1980) de Stanley Kubrick, "Dark shadows" (2012) de Tim Burton et "La dame en noir" (2012) de James Watkins, il y a Crimson Peak (2015) de Guillermo del Toro. Baignant entre l'angoisse permanente, la réflexion scénaristique, l'humour cynique, la recherche esthétique et la perspective, l'histoire de ce film est celle d'une jeune romancière allant habiter dans le manoir de son nouveau mari où elle se retrouvera confrontée à son talent particulier : la communication avec les défunts.

 

   Au niveau esthétique, le film oscille entre deux dominantes : le noir et le rouge. Car si l'obscurité est l'ambiance quasi permanente dans laquelle baigne le long-métrage, la couleur du sang s'introduit à la fois dans le décors, les costumes, les personnages et même le logo de la société de distribution Universal. De nombreuses scènes allient à ces deux tonalités particulières celles de fines touches lumineuses comme pour ajouter de l'enchantement à l'étonnement. Ce travail visuel très particulier offre une photographie extrêmement rude, aiguisée et d'une qualité indéniablement irréprochable au long-métrage.

 

   Dirigés par Thomas Sanders, les décors lugubres et inhospitaliers se composent d'un manoir à mi-chemin entre ceux des deux films de 2012 pré-cités ainsi que d'un terrain immense suspendu entre la lande désertique de "Skyfall" (2012) et l'espace exploité de "There will be blood" (2007). Ces éléments contribuent à la beauté de l'image et au charme angoissant du lieu dans lequel évoluent les personnages.

 

   Les différents protagonistes du scénario possèdent d'ailleurs une certaine consistance, ce qui leur donne un relief agréable à décrypter. Entre fantasmes, espérances, traumatismes, angoisses, psychoses et obsessions, ils se meuvent dans un univers qui semble hostile de l'extérieur comme de l'intérieur.

 

   Si cette critique fait un clin d'oeil à "Shining", c'est bien pour une raison particulière : le film comprend un certain nombre d'allusions plus ou moins volontaires au film de Stanley Kubrick. Du couteau comme dénouement à la neige comme cadre final attendu depuis le départ, en passant par l'isolement, la solitude, la balle arrivant toute seule dans un couloir aux pieds d'un personnage, le cadavre d'une défunte dans une baignoire, les perspectives de longs couloirs, les plans lents, les caméras subjectives en entrant dans des pièces jusqu'alors inexplorées, les travellings, le silence pesant, les apparitions fantomatiques et mystérieuses, l'impression que le bâtiment principal est vivant, ou la montée en puissance de l'angoisse jusqu'à une explosion finale en violence physique, tout rappelle le chef d'oeuvre de 1980 mais dans une sauce gore et sombre.

 

   Finalement, si "Crimson Peak" ne restera pas gravé dans l'histoire du cinéma comme l'un de ses bijoux majeurs, le film comporte un certain nombre de points intéressants s'étendant jusqu'à la dose conséquente de symbolique contenue par les détails du long-métrage, conformément à la manière de Guillermo del Toro.

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