Captain America : first avenger
C'est un réalisateur expérimenté qui prend la direction du "Captain America" issu des studios Marvel. Après "Chérie, j'ai rétréci les gosses" (1989) et plusieurs collaborations avec Disney, puis "Jumanji" (1995) ou "Jurassic Park III" (2001), Joe Johnston dévoile le premier long-métrage des nouvelles aventures du célèbre personnage le 22 juillet 2011.
Dans ce film, alors que la Seconde Guerre Mondiale fait rage et qu'un gradé nazi fait sécession avec le Troisième Reich après avoir acquis de dangereux pouvoirs, les États-Unis décident de tester un traitement capable de créer des sur-hommes au sein de son armée. Un premier sujet mène le programme à son aboutissement : Steve Rogers.
Le drame est de retour. Drame scénaristique, s'entend. Alors que les trois premiers films du Marvel Cinematic Universe, sortis en 2008 et 2010, tournaient autour du même schéma et que celui-ci commençait à faire tâche dans des productions mobilisant autant de moyens et d'équipes, le quatrième long-métrage ("Thor" sorti en 2011 lui aussi mais sous la direction avisée de Kenneth Branagh) rompait cette continuité somme toute assez médiocre. La rompait avec une séquence introductive suscitant l'intrigue du spectateur et embrayant sur une explication, dans le passé, se déroulant en Norvège, c'est à dire dans un pays ayant peu de rapport avec le lieu du film.
Et que retrouve t-on au début de ce "Captain America" ? Une séquence introductive suscitant l'intrigue du spectateur et embrayant sur une explication, dans le passé, se déroulant en Norvège, c'est à dire dans un pays ayant peu de rapport avec le lieu du film. Certes, dira t-on, la source de pouvoir de Crâne Rouge, mystérieux nazi assoiffé de contrôle, provient du Cube cosmique lequel est l'une des pierres d'Odin, le père de Thor. Certes, les différents films de l'univers Marvel sont construits pour se rejoindre. Mais est-on obligé de construire les films systématiquement de la même manière avec une précision d'orfèvre (pour peu que cela ne choque aucun orfèvre) ?
Si Chris Evans ne peut pas être un acteur de premier choix, on remarque que son interprétation, loin d'être exceptionnelle, suscite au moins la satisfaction. Les acteurs des films du genre sont tellement souvent éloignés de la notion de talent que l'on s'aperçoit tout de suite que la prestation d'Evans est convenable grâce à sa capacité à intégrer le personnage. A ses côtés, seules les interprétations de Tommy Lee Jones, largement déshonoré par son rôle d'un Colonel Philips cliché et sans envergure, et de Hugo Weaving jouant Crâne Rouge avec le talent inimitable qu'on lui connaît, sont remarquées par le spectateur. Ce dernier parvient à se glisser avec savoir-faire dans la peau du grand méchant, fameux ennemi de Captain America et chef de l'HYDRA.
Le climat de propagande américaine pendant la guerre est retranscrit patiemment au début du long-métrage, tant dans les États que sur le front, sans précipitation, ce qui est rare dans un film du genre. Le rythme du film est, par ailleurs, maintenu avec une régularité judicieuse et rehaussé par une partition de musique à la hauteur. Cette dernière, signée par Alan Silvestri, est constituée de passages s'alliant à la direction de la photographie afin de recréer un climat le plus proche possible des années 1940 telles qu'elles sont représentées dans le long-métrage.
Un petit pas du côté de la réalisation. On remarque, comme une légère avancée systématique chez Marvel, que les différents réalisateurs tentent (ce qui n'est pas pour nuire aux films) de s'éloigner du simili-travail effectué par Jon Favreau dans les deux opus de "Iron Man" lesquels trahissaient un manque désespérant de technique cinématographique. Présentement, on peut rencontrer une diversité dans le cadre, quelques travellings, des balayages mais aussi, grâce à l'élégance charismatique et reconnaissable de Hugo Weaving, des synecdoques dispersées durant le long-métrage. C'est à dire que, pour souligner le caractère singulier du personnage, la caméra ne va filmer que ses bottes en train de déambuler pour souligner la menace. Ou bien simplement ses mains en train de manier le Cube cosmique afin de résumer le personnage à sa soif de pouvoir.
D'un point de vue plus personnel, on serait tenté de trouver plusieurs références sympathiquement cachées dans le film pour faire allusion au genre de l'aventure. D'abord des clins d'oeil à des univers dans lesquels une dictature maléfique souhaite s'installer sur le monde (tout comme l'HYDRA) comme, par exemple, les gravures sur la porte de la chapelle durant la scène d'introduction qui rappellent des dessins ou des décors du "Seigneur des Anneaux" ou la scène durant laquelle Crâne Rouge dynamite lui-même l'un de ses édifices laquelle ressemble en plusieurs points à l'explosion de la plate-forme flottante du James Bond "Demain ne meurt jamais" (1997). Ensuite des références à des films évoquant clairement le nazisme comme le pillage du trésor durant la scène introductive qui a des airs d'Arche de l'Alliance ou de Saint-Graal dérobé sauvagement par des soldats hitlériens durant un opus d' "Indiana Jones", ou bien les locaux supposément offerts par le Führer à Crâne Rouge qui ressemblent, avec les costumes des personnages en prime, aux couloirs de l'Étoile de la Mort de "Star Wars - Un nouvel espoir" (1977).
Cette adaptation cinématographique des comics, qui n'est pas la première, rappelons-le, traduit une certaine progression des techniques employées par les réalisateurs du MCU. En plus d'un vilain profondément charismatique, ce qui n'est pas nécessairement le cas dans toutes les adaptations Marvel, le film se solde par une réussite assez classique mais non moins efficace.