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Lorsque David Robert Mitchell dévoile son nouveau long-métrage, un film d'épouvante sorti le 27 mars 2015, il ne s'attendait probablement pas à un tel plébiscite dans la critique cinématographique. Ses talents de metteur en scène imbibé de singularité et de recherche bénéficient à ce film qui, à défaut d'être pétrifiant ou excessivement sanglant, a le mérite de se hisser parmi les meilleurs films du genre au sujet de la qualité.
Une bande de jeunes se fédère afin de protéger l'une d'entre eux qui, en ayant un rapport sexuel avec un homme poursuivi par des apparitions voulant lui ôter la vie, se retrouve à son tour traquée par cette présence lente et déterminée qui peut prendre l'apparence de n'importe qui.
Le film s'ouvre avec un petit plan-séquence durent lequel les sons et la musique essentiellement rythmique jouent un rôle primordial. Le calme relatif des scènes qui suivent ainsi que la netteté du décor, dans une sorte d'esthétique confondante, plante un cadre de bruitages volontairement agaçants. De même les plans mettent en scène des lieux souvent symétriques avec des mouvements lents, à l'image de la présence obnubilante autour de laquelle pivote le film.
On remarquera, par ailleurs, que les décors sont conçus de telle manière qu'ils s'allient avec une immense subtilité à la photographie pour créer des ambiances angoissantes et sombres inspirées de réalisations à la John Carpenter mais relèvent souvent d'une ambiance sereine empruntée aux films lourds et chargés de sens de Stanley Kubrick. On notera même sur quelques plans, une sorte d'hommage au cinéma contemplatif ou aux mystères poétiques de réalisateurs comme Jaco Van Dormael.
La caméra sous la direction de Mitchell opte pour une dualité de réalisation permettant de séparer les prises de vues en deux catégories. D'abord celles relevant d'un point de vue totalement objectif avec des mouvement de caméra lentement circulaires ou bien statiques. Ensuite celles relevant de points de vue subjectifs avec des placements tantôt dans l’œil d'un personnage tantôt cachés derrière des objets ou des meubles afin de faire croire que le spectateur devient la présence obsédante qui poursuit le personnage principal, ou bien sa victime.
A propos des personnages, justement, les protagonistes de cette histoire ne possèdent pas la moindre épaisseur. Le film se déroule autour d'un phénomène inexpliqué dont l'omniprésence semble s'auto-suffire et ne nécessite pas l'ajout de psychologies chargées de sens. Outre cet aspect du scénario, la qualité des dialogues est franchement déplorable. On aurait pu préférer une version très allégée en échanges, ne gardant que de rares répliques et plongeant le son dans le silence comme l'action dans la lenteur. L'angoisse n'en aurait été que décuplée, surtout en comptant sur les musiques sourdes et les bruits intrigants qui parsèment le film.
En définitive, le film relève d'un résultat globalement très positif en dépit de certaines incohérences scénaristiques (comme le fait que les personnes n'étant pas visées par la présence ne puisse pas la voir mais puissent voir son sang se répandre) et d'une alliance personnages/dialogues très décevante. Le film est puissant grâce à son concept efficace de lenteur et de contemplation, ainsi que par son esthétisme impeccable.
