Halloween : la nuit des masques
C'est le 25 octobre 1978 que John Carpenter dévoile son troisième long-métrage, un film d'horreur intitulé dans sa version originale simplement "Halloween". Dans ce film, il est question d'un homme, interné dans un asile depuis qu'il a poignardé à mort sa sœur alors qu'il était âgé de 6 ans, s'échappant et revenant dans la ville de son enfance en provoquant la terreur autour de lui.
Ce film est désormais rangé parmi les grands slashers de l'histoire du cinéma d'horreur grâce à un scénario pétrifiant et mené d'une main de maître par le réalisateur en personne. Ici, le personnage central de l'histoire qu'est le malade mental désigné sous le nom de Michael Myers progresse masqué dans une ambiance aux confins de l'angoisse et de la terreur malgré très peu de scènes relevant du gore.
La réalisation présente un travail absolument ingénieux dès la première scène qui se place, sans aucun doute, parmi les plus grandes scènes d'ouverture de l'histoire du cinéma d'horreur, voire de l'histoire du cinématographe. Cet admirable moment présente l'intrusion d'un personnage anonyme dans une maison puis le meurtre d'un personnage, grâce à une caméra subjective, et s'achève par un twist si surprenant que le spectateur ne manquera pas d'être absolument figé par cette entrée en matière.
Du début du générique jusqu'à la fin du film, la musique signée John Carpenter lui-même accompagne de son piano rythmique et strident les personnages en noyant le spectateur dans une atmosphère terrifiante et si magistralement orchestrée que la musique demeure parmi les partitions les plus fameuses du cinéma. Seuls les claviers graves et vibrants ainsi que les insupportables sonneries de téléphones entrecoupent et cassent cette partition à la fois merveilleusement juste et incroyablement ingénieuse.
Les personnages ne sont pas d'une psychologie exaltante et les acteurs ne réalisent pas de performance exceptionnelle, mise à part l'interprétation élégante et recherchée de Donald Pleasance, ce qui est probablement le seul point faible de ce film indépendant au budget plus qu'étriqué.
Dirigée par Dean Cundey, la direction de la photographie est d'une froideur à toute épreuve. Les blancs éclatants côtoient ainsi les sombres recoins des intérieurs sans lumière et le film semble ainsi tirer son inspiration de chefs d'oeuvre du cinéma en noir et blanc puisque tout le long-métrage se déroule de nuit.
Ce film emprunte d'ailleurs beaucoup à l'univers précoce du slasher avec de nombreuses références à "Psychose" (1960) d'Alfred Hitchcock. A titre d'exemple, on pourrait citer le couteau instrument du tueur, la manière avec laquelle l'horreur est filmée ainsi que la tendance à adopter une caméra subjective sans pour autant laisser transpirer le gore que suggèrent les actions.
« Halloween : la nuit des masques » est un immense film d'horreur, bien plus puissant, subtil et technique que l'immense majorité des longs-métrages du genre ou que nombre d'autre pièces du 7ème Art. La propreté de la réalisation alliée au travail impeccable de l'équipe présente un degré d'aboutissement et de qualité jouissif et horrifiant.