Batman vs Superman : l'aube de la justice
Après "Man of steel" (2013), Zack Snyder remet en scène Superman dans un affrontement avec Batman, lequel n'avait pas été vu depuis la fin de la trilogie signée Christopher Nolan (2012).
Afin de fixer les grandes éléments du scénario, il n'y a pas grand chose d'autre à ajouter que les lignes précédentes, sinon que cette bataille est provoquée par Lex Luthor. Cette trajectoire scénaristique constitue les deux heures trente mais ne contient, et ce détail est aisément remarquable, qu'à peine une heure de dialogues. Lesquels, s'ils devaient relever d'un adjectif, choisiraient le mot "pathétique". La médiocrité des échanges entre les personnages se mesure au nombre de phrases composant en elles-mêmes des clichés affligeants du genre, aux répliques ne se composant parfois que de quelques mots et ayant quelques fois le culot d'être répétées comme si elles étaient de véritables preuves de génie scénaristique, ou à la prévisibilité des dialogues.
Le personnage de Batman, perdu entre le charisme de la trilogie Nolan et le jeu bien connu de Ben Affleck se noie complètement face à un Superman plus travaillé que jamais. Mûr mais faible, expérimenté mais tourmenté, l'homme-chauve-souris apparaît comme un protagoniste ridicule, agressif, irréfléchi et impulsif, ce que la culture cinématographique du super-héro ne peut admettre que difficilement. Par ailleurs, on remarquera une psychologie à l'état de brouillon, à peine travaillée et probablement incapable de fasciner les amateurs du genre.
Wonder Woman, officiant d'avantage comme figurante que comme véritable actrice ne fait que renforcer la construction inachevée d'un scénario qui tire tous azimuts afin de pallier ses lacunes. De surcroît, elle enchaîne, pendant ses rares instants de présence à l'écran, des répliques aussi convenues qu'attendues, et relevant davantage de clichés que d'un virtuose scénaristique. Amy Adams, victime d'un script qui ne la présente à l'écran que parce qu'il semble y être obligé, est définitivement l'élément inutile et creux de ce film usant des actrices comme d'éléments de décors. Au final, les seuls dialogues qui lui sont attribués se résument en de simples scènes destinées à ralentir le déroulement d'un film pourtant beaucoup – beaucoup – trop long pour le peu d'ingéniosité qu'il contient.
Parmi les autres personnages, on remarque un Lex Luthor très inattendu. Interprété par Jesse Eisenberg, le personnage tient davantage d'un Joker alternatif secoué par des compulsions systématiques que d'un Lex Luthor charismatique et machiavélique. Au-delà de tous ces personnages principaux, on retrouve un Alfred Pennyworth joué par Jeremy Irons, lequel ne parvient désespérément pas à arriver aux chevilles de Michael Caine. Son élégance incontestable, sa jeunesse travaillée et ses talents d'ingénieur-mécanicien le rapprochent davantage du Tony Stark que de l'Alfred de la culture cinématographique.
La direction de la photographie, dirigée par Larry Fong, est d'une impeccable qualité lorsqu'il n'y a pas d'effets spéciaux à l'écran. C'est à dire rarement. En effet, de nombreuses scènes nécessitant l'intervention de techniques informatiques fourmillent de détails confondus au point de brouiller complètement l'image. En revanche, les plans "naturels", voire légèrement contemplatifs pour certains, ajoutent un peu de qualité à ce long-métrage qui n'en a pas à revendre.
La partition comporte de très bons passages mais demeure, dans l'ensemble, profondément fade. On se souviendra que c'est après ce long-métrage que Hans Zimmer a déclaré ne plus vouloir composer pour les films de super-héros. On comprend aisément cette décision car, au regard de ses compositions si emblématiques, celles créées pour des films du genre, même si elles semblent en adéquation avec le long-métrage, ne comportent pourtant aucun passage inoubliable ou simplement reconnaissable.
Regrettable est l'utilisation de ce film non comme œuvre indépendante mais bien comme début d'une série de longs-métrages, comme le prouve la ficelle indélicate de l'énumération des héros à venir, à savoir Flash, Wonder Woman, Aquaman et Cyborg. Le film est ainsi inscrit sur une frise chronologique qui lui fait perdre en crédit ce qu'il ne gagnait déjà pas en qualité.
En définitive, lorsque ce film n'est pas une catastrophe, il est humblement passable. De bons éléments toutefois parmi lesquels de magnifiques plans ralentis, le charisme de Henry Cavill dans le rôle de Superman ou bien le générique initial qui, en dépit de son scénario vu à de multiples reprises, est mis en valeur par des images saisissantes et habilement trouvées.