beetlejuice
En 1988, c'est à dire 3 ans après "Pee Wee's big adventure" (1985), Tim Burton se lance dans ce qui était alors sa seconde réalisation : un film appartenant au fantastique et racontant l'histoire d'un jeune couple décédé dans un accident et condamné à vivre dans leur maison pendant que d'autres habitants s'y installent et modifient tout le bâtiment.
Si le long-métrage se situe dans l'univers du fantastique, ce n'est pas au détriment de plusieurs autres genres cinématographique. Entre autres, on retrouve la thématique de la mort et de l'au-delà , tirée de l'art burtonien et qui suivra le réalisateur dans nombre de ses films à venir, même jusqu'au très récent "Frankenweenie" (2012). Ce sujet d'inspiration se situe dans le genre de l'horreur et est matérialisé dans "Beetlejuice" par des flashs, des maquillages ou des visions effrayantes. Ensuite, on peut y voir un air d'animation avec des créatures imaginaires réalisées à l'aide d'une pâte à modeler dont Burton se servira dans plusieurs autres œuvres comme, par exemple, "Les noces funèbres" (2005) et qui est partie intégrante de son travail.
Au niveau de l'esthétisme, on rencontre très précocement un univers extrêmement construit et élaboré. Énormément de couleurs, de personnes costumées d'une bien étrange façon, de décors fantasmés et de textures d'une sensibilité absolument évoluée au point que les matériaux arrivent à créer de véritables sentiments dès les premiers regards, tel est le cadre visuel du film. De plus, élément qui demeurera occasionnel chez Burton, mis à part dans certains de ses longs-métrages comme "Charlie et la chocolaterie" (2005), on retrouve une gestion des éclairages intégralement modelée pour mettre en relief une double opposition : d'abord des lumières vives et multicolores pour le monde des défunts, en opposition avec les éclairages rudes du monde des vivants ; à l'intérieur de ce monde des vivants, une opposition entre la vigueur des lumières entourant la famille colonisant la maison et la douceur de celle enveloppant le défunt couple.
En ce qui concerne le jeu des acteurs, on remarque la composition très surprenante et talentueuse des rôles, autant due au réalisateur qu'aux interprètes. Les mimiques de Michael Keaton demeurent mémorables par cette gestuelle surprenante qu'il n'est pas commun de trouver chez l'acteur hollywoodien.
L'ambiance déjà suffisamment délirante est appuyée par une musique signée... Danny Elfman, le mythique compositeur des films de Tim Burton. S'y ajoutent des morceaux à la fois berçants, câlins mais profondément efficaces.
L'humour définitivement gras et gagesque est un outil puissant dans cette comédie transcendant les genres et demeurant un talentueux divertissement malgré des effets spéciaux imbuvables dont ne sait pas si leur mauvaise qualité est une volonté artistique de la direction de la photographie ou simplement une maladresse dans la carrière de Tim Burton.