Thor : Le Monde des ténèbres
Le 8 novembre 2013, les États-Unis découvrent, dans le huitième film des studios Marvel, la suite des aventures de Thor, commencées en 2011 sous la direction de Kenneth Branagh. Dans la chronologie de leur planification gigantesque, "Thor : The dark World" est le deuxième film de leur deuxième phase mais n'est pas le dernier des aventures du célèbre dieu nordique.
La Convergence, alignement des neuf royaumes dont le roi d'Asgard est le garant, est proche. Des passages se créent entre eux durant cette période et c'est ainsi que Jane Foster passe accidentellement d'un monde à l'autre et arrive dans une caverne où est enfermé l'Ether, une puissance ancestrale dont se servaient les Elfes Noirs pour tenter d'anéantir la lumière et qui avait été mise sous terre par Bor, père d'Odin, une fois les Elfes vaincus.
La réalisation est passée des mains expérimentée de Kenneth Branagh à celles d'Alan Taylor dont ce film est le seul passage dans le Marvel Cinematic Universe. Le cadrage garde cependant sa part d'habileté avec une notion de verticalité omniprésente, ce qui est déjà beaucoup plus technique que le travail de réalisation dans la plupart des films Marvel dont cette notion est complètement étrangère malgré le caractère sur-humain des personnages qu'ils cherchent à articuler. Ainsi, les notions de supériorité et de hiérarchie sont respectées, ce qui renforce le scénario et ses conflits d'époques, de pouvoirs et de générations. A l'appui de l'univers magique que décrit le film, de nombreux balayages permettent au spectateur de percevoir l'immensité des plans, des effets spéciaux et des décors, ce qui demeure un élément important du film au vu de la débauche de moyens mobilisés pour ce nouvel opus, à savoir quelques 170 millions de dollars.
La version originale est définitivement indispensable au visionnage des films de la saga Marvel "Thor". D'abord car le doublage français est, comme de plus en plus souvent, extrêmement mauvais (souvent à cause des dialogues décevants mais aussi à cause de la rapidité avec laquelle les films doivent arriver dans les différents pays pour limiter l'effet du streaming) mais aussi parce que la diversité des tonalités de voix est absolument captivante. On commencera par citer Anthony Hopkins dont le ton rassurant et familier est une source de charisme pour son personnage. Ensuite, le spectateur pourra savourer la dualité riche et clivante d'un Chris Hemsworth à la voix profonde et envoûtante et d'un Tom Hiddleston à la fois calme et net.
Les personnages sont sensiblement les mêmes que dans le premier opus mais ne présentent plus le panel original qui différenciait le premier film des autres productions Marvel. Le spectateur pourra simplement remarquer que Loki préserve sa psychologie tourmentée dont l'image fausse rendue par sa cellule à laquelle il donne une apparence biaisée est une habile illustration. On passera assez rapidement sur le personnage finalement décevant de Stellan Skarsgard affublé d'une sorte de folie plutôt inutile et pas franchement hilarante.
La photographie développe, comme c'était le cas dans "Iron Man 3" (2013), un éventail beaucoup plus restreint et sombre, traduisant une terrible désillusion suite aux événements survenus dans "Avengers" (2012). La période d'enchantement vécue par les spectateurs lors des premiers films des studios Marvel a fait place à une perversion ambiante comme le schéma de l'alternance des systèmes politiques établi durant l'Antiquité. On le remarque en premier lieu par les controverses traversant le film au sujet des références : le mensonge de Bor sur la destruction de l'Ether ou la lâcheté d'Odin. Ensuite par le danger que représentent les puissances réveillées lors des premiers films, parmi lesquelles le Tesseract dont on entend de nouveau parler dans la scène post-générique animé.
En définitive, cet opus est, comme "Iron Man 3" un élément extrêmement intéressant de l'évolution de la saga Marvel. Il met en relief la dualité des héros ainsi que de leurs principes afin de faire émerger une facette très particulière des personnages utilisés dans la chronologie des sorties.