Iron Man 2
Nous sommes le 7 mai 2010. Deux ans et quelques jours se sont écoulés depuis le lancement du Marvel Cinematic Universe avec le premier opus "Iron Man" (2008) et le deuxième film de cette première phase qui s'achèvera en 2012, "The Incredible Hulk" (2008). On remarque dans cette nouvelle réalisation de Jon Favreau, une passerelle vers l'univers que Marvel souhaite mettre progressivement en place en vue de sa longue suite de films.
Ivan Vanko voit son père mourir, lequel avait travaillé avec Howard Stark sur les premières inventions de Stark Industries. Après avoir dû quitter les États-Unis, Anton Vanko a été effacé de l'histoire de l'entreprise tandis que Stark s'attribuait l'entier mérite de ses créations. Afin de prendre sa revanche, Ivan Vanko va faire alliance avec un industriel concurrent des Stark, Justin Hammer, et utiliser toutes les technologies mises sa disposition pour venger sa famille.
Si Robert Downey Junior est constamment présent à l'écran – et fait tourner le scénario autour de sa personne – on est en mesure de se demander s'il était pertinent d'intituler le film "Iron Man" dans la mesure où la célèbre armure est quasiment absente du long-métrage. Mickey Rourke hérite, quant à lui, d'un vilain dont le charisme émane seulement des scènes dans lesquelles il ne s'oppose pas à Tony Stark. L'accoutrement ridicule dont il se voit affublé se traduit en une danse grotesque sur la piste du circuit de Monaco et en une armure – que dis-je, une armurerie ! – gigantesque et franchement sans intérêt dans son ultime confrontation.
Un point duquel on déblatère rarement lorsqu'on parle de cinéma : les bruitages. Entre les coups de feu, les rouages des armures, les chocs de ferraille et les technologies digitales, le film livre un panel de sons absolument passionnants. Sans parasiter les dialogues ou la bande-son, leur omniprésence offre un cachet tout particulier au film, tout comme l'utilisation de chansons héritées du hard rock.
Au sujet de la musique, le film s'était vanté d'avoir utilisé AC/DC pour sa bande-son, au point d'avoir modelé la composition d'une compilation sortie par le groupe australien en 2010. En définitive, seuls deux titres apparaissent dans le film, trois autres dans des annonces du film et une sixième dans le premier "Iron Man". Sur un total de 15 morceaux. On peut saluer, néanmoins, dans ce troisième film Marvel, l'utilisation de partitions justes et idéales, notamment celle des présentations de la Stark Expo ou du générique introductif.
La mise en scène souffre, en de nombreux points, de graves erreurs ou, au mieux, de terribles maladresses. Cela transparaît dans plusieurs scènes dont celle de l'évasion d'Ivan avec le pitoyable « Eh toi, où tu vas ?" lancé par l'un des gardes pénitentiaires suivi d'une main sur l'épaule. Rien de plus. Un prisonnier s'échappe, un garde le rattrape et il pose une simple main sur son épaule. Ce qui est décidément un sombre défaut de Jon Favreau avec sa superficialité systématique. Le personnage de Tony Stark pourrait être mis en valeur par tellement de techniques cinématographiques comme l'utilisation de cadrages verticaux. Son charisme et sa popularité pourraient, quant à eux être suggérés par d'habiles synecdoques visuelles. Mais non.
La banalité affligeante des plans s'étale en deux heures de banalité cinématographique. Pour rentrer dans les détails, on remarque que les discussions ne sont transcrites à l'image qu'avec un simple champ/contre-champ et que les scènes plus larges font souvent l'objet d'une articulation systématique entre des plans-taille, des plans-poitrine et des plans d'ensemble.
Même si la mise en scène a parfois un certain sens du spectacle, comme dans les explosions finales des robots dans la Stark Expo, le film apparaît souvent comme extrêmement prétentieux (par exemple, on citera la scène de l'affrontement final dans la serre) où la recherche artistique n'est pas au rendez-vous. Un film décevant sur bien des points, devant lequel on ne peut que se demander si Marvel compte un jour employer de vrais réalisateurs pour mettre en scène sa suite de longs-métrages.