Le prodige
Ce film d'Edward Zwick, sorti le 16 septembre 2015 dans les salles américaines, est un biopic sur la vie de Bobby Fischer, le célèbre joueur d'échecs. Passant par son parcours et son intellect troublé, le long-métrage se base principalement sur son fameux affrontement avec Boris Spassky autour du « match du siècle » et de la confrontation des deux blocs durant la guerre froide.
Le rythme est palpitant mais profond, finement organisé et subtilement amené. Le spectateur assiste à une mutation du personnage sous forme d'un gigantesque retour en arrière. De plus, la direction de la photographie menée par Bradford Young utilise d'habiles techniques afin de plonger le spectateur dans l'ambiance historique qui a encadré la mythique confrontation entre les deux joueurs. D'abord, l'image semble parfois perdre en qualité lorsqu'il s'agit de montrer des scènes se déroulant sur un plateau de télévision afin de recréer la qualité visuelle de capture de l'époque. Ensuite, de splendides flous artistiques sont utilisés afin de faire rentrer le spectateur dans un point de vue subjectif ou pour porter son attention sur certains détails en particulier.
Le jeu des acteurs est d'une qualité très appréciable, surtout lorsqu'il colle parfaitement à la réalité physique des véritable protagonistes comme dans le cas de l'acteur Liev Schreiber qui semble être l'incarnation très convaincante de Boris Spassky. La qualité de l'interprétation est souvent renforcée par de longs moments sans musique afin d'utiliser l'atmosphère du film pour figer le spectateur en attente de la suite des événements et de l'issue des parties.
La puissance du scénario, comparable au cheminement interne que l'on pourrait retrouver dans "Le joueur d'échecs" de Stefan Zweig, provoque une immersion permanente dans un esprit tourmenté plongeant dans la paranoïa et une démonstration de ce que pouvaient être les icônes nationales russes et américaines durant la guerre froide lorsqu'il s'agissait d'un affrontement quasi-tacite entre les deux blocs.