top of page

Chaplin

 

   Une réalisation minutieuse, des personnages mis en valeur et de la tendresse justement dosée ? Pas de doute, nous sommes bien dans un film de Richard Attenborough. Sorti le 18 décembre 1992 au Royaume-Uni, patrie du réalisateur, ce biopic raconte la vie et la carrière de Charles Chaplin. L'ensemble de "Chaplin" se déroule à la fin de sa vie lorsque l'acteur raconte sa vie à un auteur. Cette narration provoque d'habiles retours en arrière afin d'expliquer toute l'histoire de l'immense comédien assistant à la naissance du 7ème Art puis du cinéma parlant.

 

   Dans le rôle principal, Attenborough a choisi Robert Downey Junior qui, à cette époque de sa carrière, n'avait pas forcément l'habitude de jouer dans des films non-réalisés par son père. Son interprétation est juste, et ce durant la totalité du long-métrage. Les passages relatant les débuts de Chaplin témoignent tout particulièrement du travail de Downey Junior en ce qui concerne la gestuelle si particulière de l'acteur se distinguant alors sous le surnom de Charlot. Les mimiques, l'attitude, la philosophie artistique, rien ne manque au jeu de Downey Junior pour couronner ce long-métrage ambitieux d'un réalisme auquel le spectateur ne manquera pas de croire avec amusement. Unique réserve, son manque de finesse lors des passages relatant la vie privée de Chaplin.

 

   A ses côtés, on pourra citer Anthony Hopkins dont la technicité du jeu illumine le peu de scènes durant lesquelles il est présent à l'écran. De même, Geraldine Chaplin interprète avec un dévouement total le rôle de sa grand-mère, c'est à dire la mère de Charles Chaplin. On notera la présence, dans la distribution, de Dan Aykroyd, James Wood, Paul Rhys ou Milla Jovovich, chacun dans un rôle lui correspondant parfaitement.

 

   La direction de la photographie est signée par le réalisateur suédois oscarisé Sven Nykvist et démontre une recherche artistique en adéquation systématique avec les différentes époques traitées dans le long-métrage. Ainsi le générique introductif démarre t-il en noir et blanc avec un Charlot en loge et s'achève en couleurs avec un Charles Chaplin sans maquillage ni costume. La totalité du film est construite sur une transcription visuelle des moyens techniques utilisés dans les Å“uvres du début du cinéma. Ainsi, on soulignera l'utilisation récurrente de l'obscurité et des lumières légères au point de ne laisser deviner que les silhouettes des personnages. Notamment dans la très émouvante scène finale.

 

    Ce travail est aussi celui d'Attenborough lui-même qui, dans son génie, fait passer la vie de Chaplin pour un film à part entière en filmant l'acteur Downey Junior en train d'enregistrer les supposés films de Chaplin. La mise en abîme est permanente et permet notamment au réalisateur d'opter pour des accélérés lorsqu'il évoque une poursuite entre Chaplin et la police ou d'user de surbrillance lors de passages plus tendres. De plus, on constatera l'harmonie qui se dégage de l'image grâce à une mise en scène souvent élaborée avec symétrie et toujours avec précision.

 

    Ce biopic extrêmement risqué est une belle réussite. Partant d'un sujet très difficile à traiter, il est finalement un mélange du talent de Richard Attenborough et du travail de toute son équipe. Le film peut, de surcroît, s'enorgueillir d'une musique elle aussi fidèle à l'époque cinématographique traitée par "Chaplin". Minutieusement organisé et savamment dirigé, ce film est une Å“uvre à la hauteur de l'attente.

bottom of page