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MArtyrs

 

   C'est le 3 septembre 2008 que Claude Laugier dévoile un film d'horreur franco-québécois dans lequel une jeune fille ayant subi des tortures lors de son enfance, décide d'aller assassiner ses bourreaux. Néanmoins, l'organisation de ces tortionnaires relève d'une entreprise dépassant largement le cadre de l'individualité.

 

    La déshumanisation est maîtresse dans ce long-métrage. L'utilisation du hors-champ est impeccable, tant au niveau des sons que des personnages ou plus simplement des visages. La violence, omniprésente, participe à cet effet en brutalisant les moindres gestes, même les plus habituels ou les plus insusceptibles d'être des pratiques de torture. C'est ainsi que le simple fait de laver une personne ou de la nourrir apparaît comme un acte atroce.

 

   Cette mise en scène est agrémentée d'une direction de la photographie froide, rude et pétrifiante de simplicité. La ferraille et le carrelage jouent, dans la deuxième partie du film, un rôle décisif dans cette décision artistique. Les lumières glaçantes rivalisent avec les ombres angoissantes qui dissimulent détails, personnages, salles ou décors et participent à la déshumanisation générale en dépersonnalisant le long-métrage dans sa globalité. Afin d'inverser toute la tendance du film, lorsque le personnage principal est définitivement déshumanisé, ce sont les bourreaux qui voient leur psychologie et leur physique se développer et apparaître au grand jour. Avec eux se révèle tout le fond d'une trame à la fois métaphysique et mystique.

 

   Au centre du long-métrage, on retrouve des acteurs efficaces mais dont l'interprétation est légèrement troublée par un détail : le français en version originale se prête peu au genre de l'horreur, au contraire de l'espagnol ou de l'anglais. Le spectateur, peu habitué, peinera à être convaincu lors de certains passages trop faibles ou trop dramatiques pour appartenir au genre. Néanmoins, l'interprétation des deux actrices principales demeure durant la plupart du film, absolument exemplaire et puissante. On remarquera, parmi la distribution, la présence du jeune Xavier Dolan dans le rôle d'Antoine.

 

     Malgré une partition fortement dommageable, le film est efficace et fort au point de la classer, tant dans le scénario que dans la réalisation, parmi les films d'horreur les plus subtils qui soient, et plus particulièrement dans la sous-catégorie des torture-porns. On ne saurait que trop recommander ce film singulier.

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